Penser / Improviser

21, novembre 2014  |  Publié : Expérimentations  | 

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Penser/Improviser – préparer un public critique

 

Le festival des [rencontres] inattendues, musique et philosophie de Tournai, qui se sont tenues les 29, 30 et 31 août 2015, avaient pour thème cette année les rencontres de l’improvisation et de l’annotation en musique et en philosophie.
 


 

A cette occasion, et dans le cadre de Mons 2015, capitale européenne de la culture, Where technology meets culture, était organisée une école itinérante de réflexion sur l’improvisation à l’intention du public du festival et dans le but d’aiguiser son sens de l’écoute.

 

 

Cette école comportait en quatre temps :

 

Trois ateliers, pratiques et théoriques, dont le premier a eu lieu en octobre 2014 à la Bouverie, près de Mons, le second au Prato de Lille en janvier et le troisième à la maison de la culture de Tournai, en avril.

 

Ces ateliers alliaient des moments de pratique musicale, des temps de réflexion, et des temps d’expérimentation de dispositifs numériques d’aide à l’écoute et à la pratique musicale.

 

Ils ont été suivi par une académie d’été, qui se déroula à Tournai durant les trois jours précédant le festival, et au cours de laquelle furent rappelées et développées les propositions mises à jour pendant les ateliers, afin de s’échauffer, avant une grande séance d’improvisation collective qui est venue animer le festival.

 

 

Mons 2015 – Where technology meets culture.

 

Penser et pratiquer l’improvisation offre l’opportunité de s’interroger sur les rapports entre les automatismes que l’on acquiert dans tous les domaines de l’existence – les automatismes comportementaux aussi bien que mentaux – et la possibilité de dépasser ces automatismes : de se désautomatiser. Il s’agi de critiquer la limite ténue entre l’automatisation, la répétition et la désautomatisation – et de guetter l’apparition de la singularité.

 

Instruire en 2015 la relation entre automatisation et singularité s’inscrit dans un projet plus global qui consiste à penser les transformations culturelles et sociétales qui se produisent avec le développement vertigineusement rapide des technologies numériques. Les technologies contemporaines sont en effet basées sur le calcul algorithmique, et avec elles, l’automatisation de la société est en marche – pour le meilleur et pour le pire. Les ateliers de l’inattendu (et de l’in-entendu) ont cherché à instruire et à incarner une réflexion de groupe, transdisciplinaire, sur ces évolutions, comme le projet Mons 2015, capitale européenne de la culture, « où la  technologie rencontre la culture » invitait à le faire.

 

 

Les ateliers

 

En octobre, en janvier, et en avril, furent donc organisés trois ateliers de travail autour de l’improvisation, de l’écoute musicale et des technologies qui pourraient les servir.

 

Ils étaient animés par Bernard Lubat et Fabrice Vieira, de la compagnie Lubat, qui possèdent une longue expérience de la pratique, de la pensée de l’improvisation et de son enseignement.

 

L’IRI a mis en œuvre ImproteK, un logiciel d’aide à l’improvisation développé par Marc Chemilier et Jérôme Nika en partenariat avec l’EHESS (CAMS) et l’IRCAM, dans le but de proposer aux musiciens et au public un dispositif de discernement et de retour critique. Ce dispositif étant complété par d’autres logiciels, dont Lignes de temps. Il s’agissait d’apprendre à développer un dispositif de répétition pour le musicien et de représentation et ré-écoute pour le public.

 

La musique improvisée n’est pas écrite, mais elle se développe sur la base de répétitions et de différenciation dans la répétition. Ainsi le jazz a-t-il pu se développer par la répétition et la variation de standards en bénéficiant de l’enregistrement analogique et de la gravure sur disque : c’est par exemple en réécoutant au ralenti les enregistrements de Lester Young que Charlie Parker a développé son jeu. Le jazz et son histoire sont surdéterminés par l’enregistrement et le disque. L’utilisation d’ImproteK consiste dans notre cas à mettre en œuvre les possibilités nouvelles d’enregistrement et d’éditorialisation offertes par les technologies numériques – tant pour ouvrir de nouvelles pratiques de jeu pour les musiciens que pour ouvrir de nouvelles pratiques d’écoute pour les spectateurs.

 

Des systèmes de balisage des enregistrements on également été tentés. La ré-écoute est un geste fondamental pour le mélomane, et nécessaire pour le développement de rapports critiques à la musique. Des systèmes d’annotation ont été mis en œuvre afin d’apprendre à catégoriser et d’indexer les archives des séances d’atelier, d’une part pour aider à se repérer dans la base de données qui se constituera alors, et d’autre part pour développer un rapport instruit à la musique. Les ateliers comportèrent des séances de ré-écoute collective, d’annotation des enregistrements de séances, et de partage et confrontation des critères d’écoute.

 

 

Le site

 

Les ateliers comportaient des séances de jeu et des séances critiques et théoriques. Des philosophes, musicologues, anthropologues étaient invités à instruire ces questions avec les musiciens, critiques et philosophes amateurs et professionnels. Ces travaux ont été mis en ligne au fil de l’année, sur le site http://penserimproviser.org/wp/, aussi bien pour permettre de se renseigner sur les événements que l’on n’aurait pas pu suivre que pour revoir et réfléchir, dans l’après-coup, le travail réalisé.

 

L’académie – Le festival

 

Un rendu public a été organisé du 24 au 27 août à Tournai, avant le festival, sous la forme d’une série de conférences et de présentations avec les participants des ateliers et en direction du public du festival. Cette académie d’été avait pour titre : Penser, c’est improviser, improviser, c’est penser : la désautomatisation, et offrit une dernière opportunité pour penser la musique et son écoute, une dernière opération de préparation avant le festival des Inattendues qui a été a grande conclusion festive de cette année de travail.

 

Le concert « Les routes de l’impro » a été une dernière, ou une première, séance d’improvisation collective, orchestrée par Bernard Lubat, et pour laquelle furent invités à participer, de grands musiciens professionnels, les participants aux ateliers, les personnes qui auront suivi les travaux de l’académie, mais également, l’ensemble de l’assistance de la cathédrale de Tournai.

 

 

 

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