Rapport du Conseil Numérique : « Votre attention, s’il vous plaît ! »

14, janvier 2022  |  Publié : Actualités  | 

La question de « l’économie de l’attention » trouve un sens renouvelé à l’heure où des plateformes numériques ont pris une place croissante dans notre quotidien et conditionnent la grande majorité de nos activités (activités professionnelles, activités culturelles ou de loisir, activités sociales, etc.). Celles-ci offrent des opportunités économiques inédites et des bienfaits importants aux citoyens, aux entreprises ou encore à l’État.

Néanmoins, les plateformes numériques se sont lancées dans une course à la captation de l’attention, notamment en raison de leurs modèles d’affaires, pour la plupart fondés sur la collecte des données et la publicité ciblée, qui ont pour but de maximiser le temps passé par les utilisateurs devant les écrans.

Alors que les technologies numériques pourraient constituer des « supports de mémoire » tout à fait inédits et rendre possibles de nouvelles formes attentionnelles et de nouvelles activités réflexives, ces modèles d’affaires peuvent se révéler dangereux, à la fois pour la santé psychique ou mentale des individus (facultés attentionnelles, mémorielles, projectives, manque de sommeil), mais aussi pour les relations sociales et collectives (attention aux autres et aux environnements). Ils conduisent aussi à de nouvelles formes de manipulation des comportements : les technologies persuasives opèrent à un niveau infraconscient, à l’insu des individus, qui se voient ainsi souvent réduits à un ensemble de réactions réflexes et privés de leurs
capacités réflexives.

Si l’attention désigne une capacité à la fois psychique (être attentif) et sociale (être attentionné), qu’en est-il, dans les sociétés de plus en plus soumises à des dispositifs numériques au service d’une « économie de l’attention », de nos capacités psychiques, de nos relations sociales, et plus généralement, de nos relations à l’environnement ?

Autrement dit, quelles sont les conséquences de l’économie numérique de l’attention pour les écologies mentale, sociale et environnementale ? Et quels sont les leviers potentiels ? Est-il possible de concevoir et de développer des modèles technologiques et économiques alternatifs, qui intensifient les capacités attentionnelles, mémorielles, réflexives, créatives ainsi que les pratiques solidaires et contributives ?

Il n’est pas question de condamner le numérique ou les écrans en tant que tels ni d’imposer des mécanismes d’interdictions massifs comme ceux que l’on observe en Chine sur les jeux vidéo. Il s’agit, au contraire, de nous interroger sur des modèles économiques qui tirent leurs ressources de la monétisation de notre attention. De même, il nous faut décortiquer les outils de « captologie » et de « design comportemental » mis en œuvre par ces modèles, au lieu d’être conçus et développés dans l’intérêt des populations, en vue de renforcer leurs capacités cognitives et d’intensifier les solidarités collectives. Il s’agit enfin d’identifier les leviers (juridiques, économiques, technologiques, sociaux, éducatifs, politiques) qui pourraient être mobilisés pour retourner cette situation.

Lire le reste du rapport ici.

  • Share

Prochains événements

  • Pas d'événement.