Territoire Apprenant Contributif (TAC)

12, octobre 2016  |  Publié : Recherches  | 

Le programme Territoire Apprenant Contributif est une expérimentation territoriale sur 10 ans, menée en Seine-Saint-Denis par l’équipe de l’Institut de Recherche et d’Innovation (IRI). Il vise à expérimenter le revenu contributif et à préparer la mise en place d’une économie de la contribution.

Pour toutes informations, rendez-vous sur le site : tac39.fr

BIFURQUER POUR UN AVENIR SOUTENABLE

L’ère Anthropocène se caractérise par la rupture de tous les grands équilibres naturels (réchauffement climatique, érosion de la biodiversité etc.) sous l’effet des activités humaines. Cependant l’héritage philosophique de Bernard Stiegler nous conduit à penser que, derrière les activités humaines, ce qui est fondamentalement en cause dans cette crise planétaire est un certain rapport de l’Homme à la technique devenue technologie. Transport, agriculture, construction … : en deux siècles, chaque domaine d’activité humaine a été considérablement transformé par l’invention et la mobilisation de nouveaux outils techniques. La lecture de cette transformation, d’abord majoritairement perçue comme progrès, semble désormais s’inverser alors que se révèlent avec éclat ses aspects toxiques : l’humanité subit, aussi, les conséquences d’une évolution technologique dont elle a pour partie perdu la maitrise.

Dans ce contexte, bifurquer demande un autre mode de développement, fondé sur une réappropriation par les habitants du milieu technologique qui les entoure, afin d’en limiter la toxicité. La thèse que nous défendons est que cette réappropriation nécessite l’élaboration de nouveaux savoirs pouvant être aussi bien théoriques que relevant d’un savoir-faire ou d’un savoir-vivre. Bien qu’existant sous de multiples formes, le savoir a pour nous une signification très précise. Il est ce qui relie des personnes au sein de pratiques collectives dès lors que se vérifie une double dynamique : chaque individu contribue à transformer cette pratique à partir des singularités qu’il apporte ; réciproquement, la pratique cultivée en commun permet à chacun de développer sa propre singularité. En ce sens, en complément des logiques de formation qui visent à l’acquisition de compétences préexistantes, l’élaboration de ces nouveaux savoirs passe par des démarches collectives de capacitation qui, pour être solvables, doivent pouvoir s’inscrire dans un nouveau modèle économique, l’économie de la contribution. Aussi, c’est à construire cette économie de la contribution et à mettre en oeuvre des démarches de capacitation avec les habitants que s’attelle le programme TAC.

PRÉPARER ET EXPÉRIMENTER UNE ÉCONOMIE DE LA CONTRIBUTION

L’économie de la contribution vise à assurer une pérennité aux démarches de capacitation, en rendant possible la participation des habitants d’un territoire par l’octroi d’un revenu contributif conditionnel, conçu hors emploi. Par ce biais, l’économie de la contribution souhaite créer les conditions d’une transformation systémique par laquelle les habitants seront encouragés à développer collectivement des savoirs, puis à les mettre au service de leur territoire, créant ainsi des “territoires apprenants contributifs“. Cette mutation de l’économie locale en une économie du soin basée sur le savoir permettra l’émergence de nouveaux emplois contributifs. Comme dans le système des intermittents du spectacle, un habitant pourra alors renouveler son revenu contributif en occupant un emploi contributif pour une durée déterminée (qui sera délibérée localement).

Une telle expérimentation, pour être vraiment démonstrative, suppose un travail de préparation de terrain. Il est ainsi nécessaire de mener une enquête permanente pour identifier les dynamiques territoriales susceptibles de s’inscrire dans une économie de la contribution. Il s’agit ensuite de réunir les acteurs qui se sentent concernés par une même problématique dans des ateliers de capacitation. Ces ateliers articulent à la fois la recherche et l’expérimentation sur le terrain de nouvelles pratiques, ce qui permet de nouveaux savoirs. Ils s’appuient en cela sur la méthode de la recherche contributive, qui consiste à faire travailler ensemble habitants, professionnels et chercheurs universitaires dans des projets conçus pour offrir une égale possibilité à chaque participant de contribuer à la dynamique de recherche, et de devenir en ce sens lui-même chercheur et acteur de son avenir.

L’objectif du programme TAC consiste à poursuivre l’élaboration et à expérimenter cette économie de la contribution en Seine-Saint-Denis.

Présentation du projet par Bernard Stiegler dans la vidéo ci-dessous :

Ressources et événements liés
  • Atelier Les écrits du numérique 3 organisé par Colette Tron (Alphabetville et Ars Industrialis) le 2 mars 2017 à la Friche de la Belle de Mai. Intervention de Vincent Puig sur Ecriture contributive et coopératives de savoir dans le contexte du Projet Plaine Commune. A consulter sur : https://vimeo.com/channels/1216184

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Prochains événements

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