Ecritures numériques et éditorialisation

28, octobre 2011  |  Publié : Events  | 

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Abstract

Impression

Créé à l’INHA en 2009, le séminaire de Sens public soutenu par la MSH Paris-Nord expose de nouvelles pratiques d’éditorialisation et interroge les principes, les atouts et les limites des évolutions du numérique éditorial.

Le séminaire est aujourd’hui organisé par l’Iri, l’Université de Montréal et Sens Public, et se déroule en duplex entre Paris et Montréal, avec des interventions croisées de part et d’autre de l’Atlantique.

Programme séminaire Écritures numériques et éditorialisation 2014-2015

Télécharchez le flyer en pdf

Les séances ont lieu tous les mois à Paris en Salle Triangle du Centre Pompidou de 17h30 à 19h30 ; et à Montréal de 11h30 à 13h30, à l’Université de Montréal. L’entrée est gratuite et sur inscription.



Pour vous inscrire : lien d’inscription


Séminaire 2011-2012 : Espaces numériques et savoir

Pour beaucoup, le web est devenu la première – et parfois unique – source d’information, de connaissance et d’apprentissage. Mais comment ce savoir se construit-il ? Comment se structure-t-il ? Quelles sont les conditions de son accessibilité ? Comment redessine-t-il la carte de la culture nationale et internationale ? Les wikis ont permis d’exprimer la valeur constructive d’un savoir collectif et partagé. Les revues en ligne ont redéfini les critères de l’autorité scientifique. Les blogs plus ou moins personnels, les forums et les réseaux sociaux sont des véritables carrefours de compétences, d’idées, d’informations et constituent souvent les points d’accès privilégiés aux contenus.

jeudi 3 novembre : Séance d’ouverture. Nouvelles écritures et participation : les enjeux de la constitution du savoir sur le web.

Invités :
Patrick BAZIN – Président de la BPI,
François GEZE – Directeur général des éditions La DécouverteRevoir la séance

jeudi 1er décembre : Entre pédagogie, information et entertainment : le Web-doc et au delà

Invités :
Julien GUINTARD – co-auteur de Thanatorama,
Alexander KNETIG – chargé de rédaction et de développement à ARTE Web France,
Jean-Marc MERRIAUX – directeur de l’édition et du transmédia à Universcience,
Etienne-Armand AMATO est directeur pédagogique de l’ICAN et chercheur au laboratoire Paragraphes (Paris8)Revoir la séance

jeudi 19 janvier (17h00) : Intelligence collective, savoir participatif (human computation)

Invités :
Harry HALPIN,
Antoine TALY, chercheur au CNRS, Paris 7 – IBPCRevoir la séance
Revoir les slides de Harry Halpin

jeudi 16 février : Datacuration, agrégation, et moteurs de recherche

Invités :
Bertrand DELEZOIDE, Chercheur au CEA ;
Emmanuel Benazera, Directeur de Seeks et fondateur du projet libre Seeks Project;
Nicolas LOUBET, Directeur associé à Umaps et Social Media Designer à Knowtex.

La séance sera introduite par Yannick Maignien.

Les contenus dépendent souvent moins des données publiées par un auteur que des nouvelles formes d’édition, c’est-à-dire de réutilisation des données, par agrégation ou par requête au terme d’actions automates de différents algorithmes, imposant peu à peu une économie du lien sur une économie du contenu.

Ce séminaire présentera tout d’abord un rapide benchmark des différentes solutions d’agrégation se différenciant chacune par un paradigme propre (le hashtag, la communauté, le layout, le live, etc.), et dont les contraintes et limites soulèvent quelques questions en terme de production de savoir.
Nous nous pencherons ensuite sur les techniques utilisées actuellement par les moteurs de recherche pour agréger et éditorialiser les contenus.
Enfin, un coup de projecteur sur le projet libre de moteur de recherche peer-to-peer Seeks Project, proposant une nouvelle rupture de paradigme pour la recherche et l’agrégation.

La séance sera bientôt disponible sur Polemictweet.

jeudi 22 mars : Serious Games

Invités :
Catherine Rolland, du Serious Game Lab,
Stéphanie Mader, doctorante au CNAM (CEDRIC).La séance sera modérée par Simon Bachelier et Catherine RollandAprès une dizaine d’années passées en tant que chercheuse cadre de l’industrie pharmaceutique, Catherine Rolland a rejoint le monde du jeu vidéo et celui du Serious Game en entreprenant un MBA spécialisé en Video Game Management dont elle est sortie major en 2010 . Depuis elle s’investit dans le développement et la promotion de Serious Game notamment dans le domaine de la Santé et de l’Education. Elle est actuellement chef de projet et membre actif de l’association Serious Game Lab, qui a pour particularité de réunir et créer l’ancrage entre les différents acteurs du secteur : créateur, commanditaires, experts, chercheurs, utilisateurs et institutionnels.-Stéphanie Mader
Pendant plusieurs années, Stéphanie Mader travaille comme développeur et chef de projet pour des web agencies Suisses avant de s’intéresser à l’industrie du jeu : Elle entreprend le master jeux vidéo de l’ENJMIN en section Game Design durant lequel elle mène différents projets dont certains expérimentent des interfaces particulières (table tactile, capteurs cardiaques).A l’issue du cursus, elle rejoint Seaside Agency en tant que Lead Game Designer, principalement sur le projet de jeu thérapeutique appelé le Village aux Oiseaux.Actuellement doctorante au CEDRIC (laboratoire informatique du CNAM), elle mène des recherches sur les méthodes de Game Design adaptées aux jeux thérapeutiques.
Simon Bachelier est chargé de projets jeux vidéo pour Universcience (Cité des sciences et de l’industrie) pour laquelle il développe une réflexion autour de la médiation culturelle par le biais du jeu, travaille sur le développement de serious games scientifiques et participe à la création d’une programmation et d’un espace permanent dédiés aux jeux vidéo. Il est également membre du collectif de créateurs de jeux indépendants One Life Remains, qui développe des évènements originaux autour de la culture actuelle du jeu vidéo, crée des jeux à caractère expérimental et explore les frontières entre scènes artistiques contemporaines et divertissement vidéoludique.Revoir la séance

jeudi 12 avril : Réseaux sociaux, contribution et participation

Invité :

-Geert Lovink, fondateur de l’Institute of Network of Cultures et chercheur et professeur de Media Theory à la Hogeschool van Amsterdam et à l’Université d’Amsterdam.

Pour cette séance, nous n’accueillerons qu’un seul intervenant, Geert Lovink, qui posera la question suivante : la montée des médias sociaux va-t-elle induire une renaissance de la sociologie ? Une chose est certaine, il y a un besoin urgent de théorie générale sur le design “social”. La sociologie doit pour cela se libérer de ce que Lovink appelle “ses impulsions professionnelles”, c’est-à-dire l’implication sociale de la technologie. Nous devons tendre vers une abrogation des dichotomies qui contraignent et limites nos façons de penser, telle que la distinction entre réel/virtuel et public/privé.

Revoir la séance.

 

jeudi 24 mai L’apport des arts numériques

Etienne Mineur
Co-fondateur et directeur artistique de l’atelier de création Incandescences en 2000. Co-fondateur des éditions volumiques. Professeur à l’ENSAD de Paris, à la HEAD de Genève. http://www.volumique.com/fr/Cécile Portier
Cécile Portier est née en 1968. Elle a occupé différents postes au ministère de la culture et travaille actuellement à la Bibliothèque nationale de France.
Parallèlement, elle mène une activité d’écriture, a écrit des textes courts dans différentes revues littéraires ainsi que deux ouvrages. Elle tient un blog, http://petiteracine.net/, où, à travers différents projets conçus comme des chroniques où images et textes se répondent, elle s’attache à explorer comment s’articulent aujourd’hui le social et l’intime.

mercredi 20 juin : Data-journalisme et visualisation de données

Dernière séance de l’année consacrée au Data-journalisme.
Invités :
Amanda Cox, journaliste de données au département « Graphiques » du New York Times
Marie Coussin, responsable du pôle Data (alias Paule D’Atha) d’Owni.fr
Denis Teyssou, responsable du Medialab et de la recherche à l’AFP.Pour le Live-Tweet polémique et le Live-stream, rendez-vous sur Polemictweet dès 17h30

Ce séminaire combinera quatre questions posées par les espaces numériques comme lieux privilégiés de production, de circulation et de diffusion du savoir.

1. Si l’éditorialisation favorise la reprise structurée de flux volatils d’information pour en faire des contenus valides, elle est un dispositif central de la création des savoirs contemporains. Notre question première concernera donc la pérennisation des contenus et les dynamiques de connaissance qui sont à l’œuvre au sein des nouvelles pratiques d’éditorialisation. Nous recourrons à quelques présentations de cas pour détailler les dynamiques de cette création : quelles validations ? Quelles garanties ? Quels recours ? Comment une autorité numérique se constitue-t-elle ? Comment le statut des documents est-il amené à évoluer au fil de ce processus de cristallisation ?

2. En deuxième lieu, constatons que la « publication » ne garantit nullement l’accessibilité d’un contenu, qui provient avant tout de liens structurés. Rendre accessible un contenu, c’est l’insérer dans des réseaux de diffusion structurés, liés à des publics spécifiques, à des contextes favorisant sa reprise. L’éditorialisation est inséparable de ces liens. La question des réseaux de recommandation, de l’indexation et du référencement des documents fera donc l’objet d’enquêtes particulières.

3. En troisième lieu, un des enjeux fondamentaux du web a trait à la superposition des univers linguistiques. Si un régime de savoir plus ancien séparait nettement les échanges internes aux communautés scientifiques et ceux concernant un public élargi, la place prise aujourd’hui par les controverses et les débats publics modifie le statut des langues de savoir. Comment pratiquer la coexistence de plusieurs langues dans les espaces discursifs ? Devons-nous en passer par l’utopie d’une traduction globale portée par Google ? D’autres formes de multilinguisme peuvent-elles enrichir la complexité du savoir en ligne sans réduire son accessibilité ? Le multilinguisme est un enjeu central de l’éditorialisation numérique.

4. Enfin, le séminaire interrogera la question de l’identité virtuelle. Nos actions et nos productions en ligne ouvrent sur des formes inédites de nos identités. Le rôle et le statut de l’auteur sont mis en cause, le web 2.0 a mis en crise la différence entre producteur et usage. Cela n’empêche pas la construction du savoir sur le web de reposer sur une prolifération d’identités, portées par des nicknames, des avatars, des identités de groupe… Si l’auteur tend à devenir un l’acteur, la dynamique des identités numériques change les règles et les enjeux de la production du savoir en ligne.

Nous examinerons donc diverses formes d’écriture et d’agencement des contenus en ligne pour comprendre comment elles pérennisent leurs contenus en les structurant comme autant de formes de savoirs liés à des espaces documentaires, pédagogiques et discursifs.


Séminaire 2012-2013 : Écritures numériques et éditorialisation

Programme
Les technologies numériques ont profondément changé notre culture. Il ne s’agit pas simplement de nouveaux outils mis à notre disposition : les pratiques numériques ont modifié notre façon d’habiter le monde. L’analyse du monde numérique doit donc être en premier lieu une réflexion sur la culture numérique et non seulement sur les outils. Pareillement, avec le changement des supports, des modalités de publication, des mécanismes de visibilité, d’accessibilité et de circulation des contenus, c’est l’ensemble de notre rapport au savoir qui se trouve remis en question.

jeudi 15 novembre : Séance d’ouverture. Contextes et gestes de l’écriture littéraire numérique.

Si l’écriture a partie liée avec la temporalité, il ne fait aucun doute qu’Internet en a profondément modifié le geste et le rythme, (… lire la suite sur seminaire.sens-public.org)
Invités :
Bertrand Gervais – fondateur et directeur du NT2,
Philippe Diaz (alias Pierre Ménard) – Enseignant à Science Po Paris et fondateur du site liminaire.fr,
Sarah-Maude Beauchesne – jeune auteure québecoise dont l’écriture naît en ligne.Revoir la séance sur Polemictweet.com

jeudi 13 décembre 2012 : De nouveaux collectifs d’auteurs.

Internet a inventé le sens du collaboratif et du participatif au point que ces mots, avec le Web 2.0., en sont devenus les emblèmes. Quelles en ont été les conséquences dans les activités littéraires et les réseaux d’auteurs ? Doit-on parler d’une adaptation à la communication nouvelle, qui bouscule les habitudes de la lettre et du papier, ou bien y a-t-il eu la création de nouveaux réseaux littéraires fonctionnant sur d’autres modes ?
Invités :
Évelyne Broudoux – enseignante et chercheure au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), à Paris. Ses recherches concernent « le Web en tant qu’espace sociotechnique innovant ».
Linda Leith – romancière ainsi que présidente de la Fondation Métropolis bleu, fondatrice de Linda Leith Éditions et créatrice du magazine en ligne SALON.II., organismes tous basés à Montréal.Revoir la séance sur Polemictweet.com

jeudi 17 janvier 2013 : Écriture, multimédia, transmédia.

Les quelques décennies d’existence de l’informatique et du numérique fournissent un recul suffisant pour s’interroger sur les modifications ou nouveautés apportées par le multimédia dans la création. Texte, image, vidéo, musique, ces différents moyens d’expression artistiques sont appelés à produire des œuvres composites où sens et langage deviennent pluriels. Quelles sont les conséquences, en termes de production et de réception, pour l’artiste et le public ?
La séance du 17 janvier est exceptionnellement annulée. Nous vous donnons rendez-vous le 14 février pour la séance Lire : une manière d’écrire

jeudi 14 février 2013 : Lire : une manière d’écrire ?

Lire c’est produire, inventer, créer. Que devient la lecture face à la profusion inouïe des contenus sur Internet ? La différence entre écriture et lecture se réduit de plus en plus, le lecteur devenant lui-même un auteur écrivant. On analysera pendant la séance un certain nombre de dispositifs d’éditorialisation qui cristallisent ainsi des parcours de lecture et transforment la lecture en écriture.
Invités :
Susan Brown – professeure invitée au Département d’études anglaises et cinématographiques de l’Université d’Alberta, professeure d’études anglaises et théâtrales à l’Université de Guelph et directrice du projet Orlando
Milad Doueihi – professeur, historien des religions et titulaire de la Chaire de recherche sur les cultures numériques à l’Université Laval et auteur de plusieurs ouvrages sur la culture numérique, notamment Pour un humanisme numérique.
Hadrien Gardeur – co-fondateur de feedbooks.comRevoir la séance sur Polemictweet.com

jeudi 21 mars 2013 : Supports : les nouveaux matériaux d’écriture.

Si le numérique a fait révolution, c’est aussi en terme de nouveaux supports offerts à l’usage courant comme à la créativité. L’écran est ainsi devenu un objet de production et de lecture quotidien, jusqu’à l’invention des écrans ‘tactiles’ introduisant un rapport à la fois affectif et interactif avec les éléments technologiques. Après le volumen et le codex, la plume et le stylo, le livre, la télévision, que peut-on dire de ces rapports aux nouveaux supports ?
Invités :
Ariane Mayer – doctorante (IRI-Costech, UTC) sur les implications philosophiques de la lecture numérique et de l’écriture collaborative.
Valérie Jeanne-Perrier – sociologue des médias et des organisations. Ses interventions portent sur les mutations professionnelles et éditoriales liées à l’utilisation des outils informatisés comme sources et ressources d’écriture, de structuration de la production de l’information et du travail
Guy Boulianne – fondateur des éditions DédicacesRevoir la séance sur Polemictweet.com

jeudi 18 avril 2013 : Modèles économiques de l’écriture numérique.

L’exigence de gratuité sur Internet opposée à la réclamation d’une juste rétribution des producteurs de contenu n’a cessé de poser question ces dernières années, en particulier dans les domaines de la musique, de la presse et de l’édition. Comment soutenir financièrement des sites Internet spécialisés, faire vivre des activités créatives dont la productivité ont un coût, là où règnent les sources d’informations gratuites, parfois le piratage, et les grands sites commerciaux du web ?
Invités :
Virginie Clayssen – Directrice de la stratégie numérique, groupe Editis
Dominique Bérubé – Université de Montréal

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jeudi 16 mai 2013 : Lecteur, auteur : questions de droits.

La question des modèles économiques ne peut être affrontée sans une réflexion sur les droits d’auteur. Mais peut-on encore parler d’auteur lorsqu’on se réfère aux producteurs de contenus numériques ? Comment ne pas prendre en compte toutes les pratiques d’éditorialisation de contenus qui produisent des objets sans pour autant pouvoir être considérées comme des gestes “d’auteur” ? Comment adapter l’idée de “droit” à ces nouvelles pratiques ?
Lucie Séguin – directrice générale de la recherche et de la politique stratégique de la Bibliothèque et Archives du Canada (LAC).
Philippe Aigrain – fondateur de Sopinspace, co-fondateur de la Quadrature du Net, analyste des enjeux politiques, sociaux et culturels des techniques informationnelles et engagé en faveur de la réforme des régimes de droits intellectuels. Auteur de Sharing, et des blogs Communs et Atelier de bricolage littéraire.

jeudi 20 juin 2013 : Vérité fiction.

« L’écriture numérique modifie le rapport aux concepts de vérité et fiction et nous repose aussi de manière troublante la question de l’interprétation d’images dont le statut est souvent flou. Le web regorge d’informations, de documents, de données qui nous sont présentés comme “vrais”. Or, notre activité principale sur le web consiste à combiner ces “faits” entre eux. Combiner des données signifie construire un récit, mais quelle est la valeur de vérité d’un récit composé de faits vrais, dont la structure est imaginaire, ouverte à des variantes ? L’image contemporaine et numérique s’établit elle encore comme langage ou comme soi-disant réalité ? Ne vaut il pas mieux avoir affaire à de vrais mensonges plutôt qu’à de fausses vérités ? Les métadonnées, objets de l’ensemble de notre opération Futur en Seine, ne sont elles pas la clé de cette question ontologique, de cette question de la catégorisation ?
Intervenants :
Yannick Maignien,
Louise Merzeau (Paris 10),
Simon Lincelles (IRI).Revoir la séance sur Polemictweet.com

En particulier, dans l’espace d’action qu’est aujourd’hui Internet, l’écriture occupe une place centrale. L’espace du web est un espace d’écriture. Interroger les pratiques d’écriture à l’ère numérique devient donc fondamental. Qu’est-ce qu’écrire ? Quelles sont aujourd’hui les modalités de l’écriture ? Quels sont les dispositifs de structuration et d’agencement des contenus en ligne ? Que devient l’auteur ? Quels modèles économiques faut-il imaginer ?

Autant de questions auxquelles le séminaire tente d’apporter réponse, en développant une réflexion théorique qui s’appuie sur l’examen d’un certain nombre de cas d’étude significatifs dans le domaine des pratiques de l’écriture numérique.

Chaque séance compte entre deux et quatre intervenants, en duplex à Paris et à Montréal.

Les séances ont eu lieu le 15 novembre, le 13 décembre, le 17 janvier, le 14 février, le 21 mars, le 18 avril, le 16 mai et le 20 juin en vidéoconférence entre la salle P217 du Pavillon Roger-Gaudry de l’Université de Montréal et la salle Triangle du Centre Pompidou à Paris.

Toutes les séances sont disponibles sur la plate-forme Polemictweet.com.

 

Séminaire 2013-2014 : Écritures numériques et éditorialisation

Programme
L’écriture numérique remet en question les fondements du modèle de production et de circulation du savoir qui caractérisait l’édition traditionnelle papier. Tout contenu numérique est inséré dans une organologie technique complexe caractérisée par une convergence de plateformes, de formats, de standards. Un document – et doit-on d’ailleurs encore parler de document ? – trouve sa légitimation, son accessibilité et son sens au travers de cette convergence et ne peut être considéré comme une unité isolée. Pour comprendre, par exemple, un texte littéraire, il faut analyser le support dans lequel il s’inscrit, soit l’ensemble des liens, des méta- données qui le rendent visible ainsi que les interactions avec les usagers qui le légitiment.

jeudi 28 novembre : Séance d’ouverture. Qu’est-ce qu’un support ?

La notion de support à l’époque du numérique ne se résume plus, comme pour l’objet imprimé, à la simple interface d’écriture et de lecture (l’inscription et l’interprétation de l’inscription). A travers tous les objets connectés de lecture, l’omniprésence de l’écran s’est imposée en sus du support papier. Or, jusqu’aux réseaux et aux services auxquels l’interface relie les utilisateurs, on sait que le support numérique investit, ou est investi par l’ensemble de l’organologie technique sous-jacente à ce qui nous est donné à voir et à agir à travers et au-delà du simple écran.
Nous nous demanderons ainsi comment les dispositifs techniques de ces nouveaux supports relèvent déjà de dispositifs éditoriaux, et comment les nouvelles propriétés du support numérique façonnent nos usages de lecture et d’écriture, et plus profondément notre connaissance.
Intervenants :
Fabien Gandon : chercheur à l’INRIA et membre de groupes de travail au W3C sur le web sémantique.
Jean-Marc Larrue : professeur adjoint au département des Littératures de langue française de l’Université de Montréal,
Mattéo Treleani attaché temporaire d’enseignement et recherche à l’Université Paris Est Marne la Vallée, département de cinéma et enseigne digital media studies à Sciences Po Paris.
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jeudi 16 janvier 2014 : L’annotation, le savoir dans la marge

Une particularité des supports numériques est de faire converger lecture et écriture dans un même dispositif éditorial. L’annotation, sous toutes ses formes et de tout type de média est ainsi devenue une pratique d’écriture courante sur le web.
Publiable par essence, l’annotation participe de fait à l’enrichissement du contenu, et à la constitution des connaissances.
Puisque l’annotation prend peu à peu une place centrale dans les pratiques éditoriales numériques, nous nous demanderons si l’annotation ne devient pas un lieu privilégié de création intellectuelle en constituant un changement de paradigme dans les pratiques d’écriture et d’échange de savoir.
Intervenants :
Marc Jahjah : doctorant à l’EHESS et à l’Université de Laval (Québec) en sciences humaines, culture numérique et études littéraires,
Ray Siemens (Chaire de recherche du Canada en Humanities Computing, Professeur distingué à la Faculté de Humanities à l’Université de Victoria) est remplacé par Stefan Sinclair : professeur associé en Humanités Numériques à l’Université de McGill,
Christophe Leclercq Medialab – Chef de projet AIME.
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jeudi 13 février 2014 : La traduction, au coeur des nouvelles pratiques éditoriales

La traduction est l’une des principales activités structurant les espace intellectuels, au point même qu’on pourrait soutenir qu’elle en est une matrice.
Un ouvrage diffusé sur papier peut avoir des compléments en ligne pour explorer les notes de traduction et enrichir la lecture. Des espaces partagés entre traducteurs créent des interactions pérennes. Une fédération de revues comme Eurozine (eurozine. com) a développé une action permanente de traduction qui stimule le débat européen. Les divers paratextes forment ainsi autant de liens qui enrichissent une oeuvre et confirment le caractère multilingue des cultures numériques.
Intervenants :
Anne-Laure Brisac-Chraïbi : traductrice,
Geneviève Has enseigne les technologies et théories de la traduction à l’Université de Concordia.
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jeudi 13 mars 2014 : La convergence des plates-formes, ou l’environnement-support

Le principe de convergence, qui désignait il y a quelques années le décloisonnement entre les acteurs du contenu et des contenants semble finalement se réaliser dans ce qu’on appelle l’expérience transmédiatique. Celle-ci résulte d’une expérience individuelle ou collective d’accès aux contenus à travers des appareils, des interfaces et des usages diversifiés, constituant chacun de nouveaux points d’entrée dans les échanges et les flux de données.
L’expérience transmédiatique que décrit ainsi Louise Merzeau est directement liée à l’environnement, c’est-à-dire à la configuration spatiale, matérielle, logicielle dans laquelle l’usager se trouve. Le support devient donc environnement, grâce et à travers lequel nous (inter)agissons.
Au regard de la multiplicité des pratiques, des supports et des représentations qui constituent ensemble l’environnement-support, qu’est ce qui fait encore unité, quel est le plus petit dénominateur commun qui permet à cet environnement de faire sens ?
Quelles sont les nouvelles dynamiques qui opèrent dans la circulation des savoirs ?
Intervenants :
Valérie-Jeanne Perrier : sociologue des médias au CELSA,
Maurizio Ferraris, philosophe à l’Université de Turin, directeur du Centre interuniversitaire d’ontologie théorique et appliquée (CTAO) et du Laboratoire d’Ontologie (Labont).
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jeudi 24 avril 2014 : Algorithme et éditorialisation automatisée

Derrière nos expériences de lecture se cache de plus en plus une structuration des données par des algorithmes (souvent propriétaires) qui deviennent les producteurs du sens des contenus.
En créant des parcours de lecture et en les offrant aux lecteurs les algorithmes sont un dispositif d’éditorialisation de plus en plus présent et puissant.
Outre le PageRank de Google, quels sont les nouveaux paradigmes métriques et statistiques qui façonnent par défaut (si ce n’est par autorité) notre monde informationnel et la mise en signification du monde ?
L’algorithme est-il une réponse plausible (et unique) à la prolifération des données transformant le web en “un immense bazar où il serait impossible de trier l’information de qualité” ?
Intervenants :
Dominique Cardon, Chercheur au Laboratoire des usages de France Telecom R&D
Audrey Laplante, professeure à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (Université de Montréal)
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jeudi 19 juin 2014 : Atelier d’étude : tendances et enjeux

Cette session est dédiée, sous forme d’atelier, à reprendre les thématiques et questions traitées lors des cinq séances précédentes, pour réinterroger leurs enjeux et tenter de dégager quelques éléments de réponses et axes tendanciels.
Il s’agira de recueillir des pistes de recherche et des propositions concrètes autour des notions de support, d’annotation, de traduction, d’algorithme.
Avec la présence de Milad Doueihi, Louise Merzeau, Philippe Aigrain, Matteo Treleani, etc.
La séance est revoir sur Polemictweet.com

Pour mieux appréhender le sens d’un contenu numérique, il faut dès lors interroger la notion même de support. S’agit-il tout simplement d’un écran ? Ou bien du dispositif éditorial qui per- met sa mise en forme (CMS, plate-forme, etc.) ? Ou encore de l’ensemble des architectures qui déterminent son contexte et son positionnement dans le large réseau qu’est le web ?
A la suite des quatre années passées, le séminaire poussera plus avant la réflexion théorique en lien avec l’analyse précise de pratiques et d’expérimentations, prenant plus particulière- ment en compte des aspects comme la fonction de l’annotation, du commentaire et de l’inte- raction des usagers dans la production d’un contenu, la place occupée par les algorithmes et par les interfaces, ainsi que le positionnement de l’auteur.
Le séminaire est réalisé en collaboration par la revue Sens Public, l’Iri, l’Université de Montréal et McGill University, soutenu par la MSH Paris-Nord. Il a été créé en 2009 en partenariat avec le laboratoire Invisu (INHA-CNRS).

Chaque séance compte entre deux et quatre intervenants, en duplex à Paris et à Montréal.

Les séances ont eu lieu le 28 novembre, le 16 janvier, le 13 février, le 13 mars, le 24 avril et le 19 juin en vidéoconférence entre la salle P217 du Pavillon Roger-Gaudry de l’Université de Montréal et la salle Triangle du Centre Pompidou à Paris.

Toutes les séances sont disponibles sur la plate-forme Polemictweet.com.

Séminaire 2014-2015 : Pratiques de recherche et de production de la connaissance

Programme
L’éditorialisation est un processus complexe résultant des interactions entre des contenus (ou des ressources), un environnement technique (le réseau, les serveurs, les plateformes, les CMS, les algorithmes des moteurs de recherche), des structures et formats (l’hypertexte, le multimédia, les métadonnées), et des pratiques (l’annotation, les commentaires, les recommandations via réseaux sociaux). Ce processus d’organisation et d’agencement des contenus numériques est par essence ouvert et dynamique.

jeudi 20 novembre 2014 : Séance d’ouverture. Entre blogue et revue savante : hybridation des pratiques de recherche

En démultipliant les formes de lecture et d’écriture dans la société non-savante, le numérique a favorisé l’émergence de pratiques nouvelles où se mêlent communication, collection, archivage, littérature, etc. Dans ce contexte de fluidification des formes d’écriture, les pratiques des chercheurs se sont elles aussi diversifiées, empruntant souvent à des formes de production de contenus jusqu’alors inexistantes dans les méthodologies de la recherche.
Cette hybridation des pratiques que l’on observe depuis peu semble ouvrir la recherche et la communauté de chercheurs à de nouvelles formes de production de savoir, bouleversant le processus classique de légitimation et de certification des connaissances.
Intervenants
Benoit Mélançon : professeur titulaire au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal
Joëlle Le Marec : PR en sciences de l’information et de la communication au CERILAC (Centre de Recherches sur les Lettres Arts Cinéma) de l’Université Paris-Diderot
Celya Gruson-Daniel : Cofondatrice de l’association HackYourPhD et ingénieur de recherche en charge des MOOC au Centre Virchow-Villermé
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jeudi 22 janvier 2015 : Ressources et documentation pour la recherche

L’accès aux ressources et à la connaissance était, à l’origine, essentiellement basé sur les bibliothèques universitaires ou personnelles. C’est probablement l’aspect de la recherche qui a le plus bénéficié de l’hybridation et de l’ouverture des pratiques permises par le numérique. La multiplication des sources et l’intégration de contenus non-savants dans les pratiques de recherche ont ainsi autorisé une plus grande fluidité dans la circulation des idées et, potentiellement, une plus grande créativité. Cet élargissement des sources a par exemple ouvert de nouvelles opportunités pour l’élaboration d’hypothèses de recherche. Cependant, il convient de se demander si ces ressources non-savantes permettent de maintenir le niveau qualitatif requis par la communauté scientifique et si de nouvelles stratégies de validation ont été adoptées par les chercheurs pour certifier ces sources. Au regard des pratiques émergentes de veille et d’accès aux connaissances, cette séance posera la question de l’évaluation et de la légitimation des ressources par les chercheurs.
Cette séance s’est déroulée à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense pour clôturer le colloque sur les dispositifs de lecture savante.
Intervenants
Vincent Larivière – professeur adjoint à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal (EBSI)
Stéphane Pouyllau – directeur-adjoint technique d’Huma-Num, a codirigé la réalisation de la plateforme de recherche ISIDORE et est à l’initiative de MédiHAL.
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jeudi 12 février 2015 : Politique de l’archive et impact des formats

Une décennie de politique publique de numérisation des patrimoines a permis aux institutions de repenser l’accès à leurs corpus. Pour répondre au décalage entre les pratiques traditionnelles, stabilisées dans les bibliothèques, et les pratiques numériques d’accès aux ressources, les projets nationaux et transnationaux tels que Gallica, Europeana ou encore Canadiana ont en effet mené nombre d’études sur les modes de structuration, la mise à disposition et la circulation des archives.
Ces récentes archives numériques ont naturellement été adoptées dans les usages et les travaux des chercheurs. Il est possible aujourd’hui de mesurer l’impact de ces numérisations et des formats d’archivage qui ont prévalu et qui ont parfois inscrit dans la structure même des archives certains présupposés explicites sur la conceptualisation du patrimoine. Outre les formats de données, les dispositifs d’éditorialisation des archives conditionnent fortement l’accessibilité des ressources et in fine le travail du chercheur.
Nous chercherons, à travers plusieurs exemples concrets, à rendre compte de ces tensions entre la ressource et son appropriation, ainsi que des stratégies des chercheurs pour contourner ou faire abstraction des modes de formatage des archives.
Séance annulée

jeudi 12 mars 2014 : Élargissement des communautés scientifiques

La communauté de pairs reste un pilier de la recherche, notamment pour l’évaluation des publications. On observe pourtant un élargissement tous azimuts de ces communautés de pairs, consécutivement à de nouvelles pratiques de publications plus ouvertes de la part des chercheurs, et dont l’éditorialisation incorpore des modes de partage et de discussion issus de milieux non-savants. Ces dispositifs d’éditorialisation redéfinissent les conditions de la parité en ouvrant la controverse scientifique à des communautés plus larges, encourageant ainsi leur accès au public et favorisant une plus grande transparence sur les enjeux de recherche. La collaboration du public à ces controverses ou lors des initiatives d’Open Science à des micro-tâches de recherche participe pleinement à l’activité scientifique.
On peut se demander dans quelle mesure ces communautés concurrencent ou remettent en cause l’institution et les communautés de pairs établies, et si cette nouvelle diversité se révélera une richesse et une avancée pour les sciences, redonnant par exemple un ancrage politique et éthique aux chercheurs.
Intervenants :
Grégoire Loïs : Directeur de Vigie-Nature,
Serge Proulx : Professeur titulaire à l’École des médias de l’UQÀM et professeur associé à Télécom Paris Tech.
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jeudi 23 avril 2015 : Faire oeuvre à l’époque du numérique

Le web semble mettre profondément en question le concept d’auteur tel que nous le connaissons depuis quelques siècles. L’assimilation du copier-coller, de l’hypertexte dans l’écriture courante, et plus généralement les nouvelles formes d’éditorialisation, mettent en avant le travail collaboratif et tendent à affaiblir le sens de la signature. La réception d’un contenu est ainsi davantage liée à la plateforme qui le diffuse, plutôt qu’à la personne qui l’a créé. Des expressions comme “j’ai trouvé cette information sur Google” ou encore “sur le web” démontrent un changement de la perception des dispositifs de légitimation d’un contenu.
De la même manière, les chercheurs eux-mêmes intègrent des logiques de partage et de co-élaboration de résultats qui ne favorisent pas la réalisation d’une oeuvre propre, valorisable en tant que telle par un individu. Le chercheur se présentera et se définira alors davantage à travers l’agrégation de ses activités, participations et collaborations, souvent publiées ou communiquées en tant que work-in-progress et échappant à la validation scientifique.
Dans ce cadre, qu’en est-il du concept d’oeuvre en tant que production cohérente d’un individu – ou d’un groupe de chercheurs? Comment penser les notions de “plagiat”, de “copie” ou d’”originalité”? Quels sont les nouveaux vecteurs de reconnaissance qui permettent malgré tout aux individus de faire oeuvre ?
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Une éditorialisation, en tant que dispositif de mise en forme et de structuration d’un contenu, n’est pas limitée à un contexte fermé et bien délimité (une revue, par exemple) ni à un groupe d’acteurs prédéfinis (les éditeurs), mais implique au contraire une ouverture dans l’espace (multiplicité de plateformes) et dans le temps (plusieurs acteurs sur des temporalités multiples). Cette ouverture est une des principales différences entre l’édition et l’éditorialisation.
Si l’édition telle que nous l’avons connue entre le XVIIIe siècle et nos jours a été le principal dispositif de production et d’agencement de la connaissance, sa fonction est aujourd’hui progressivement bouleversée et renouvelée par l’éditorialisation qui transforme en profondeur les modes de circulation et d’appropriation des idées.
Dans ce cadre : que devient la recherche qui a justement fondé son régime de vérité sur l’édition et la publication ? Comment la recherche, l’activité de production de la connaissance par excellence, est-elle modifiée par les pratiques numériques? C’est la question à laquelle le séminaire de cette année tentera de donner une réponse, proposant une réflexion sur différents aspects de la recherche – notamment dans le
domaine des SHS – impactés par les nouvelles formes d’éditorialisation. Nous proposerons une analyse de ces nouveaux modèles de recherche, à partir des formes de publications qui ont émergé depuis la naissance du web – comme les blogues – en passant par les pratiques de veille et de récolte de l’information par les chercheurs, les questions d’archivage et le problème de la légitimation des contenus.

Le séminaire est réalisé en collaboration par la revue Sens Public, l’Iri, et l’Université de Montréal, soutenu par la MSH Paris-Nord. Il a été créé en 2009 en partenariat avec le laboratoire Invisu (INHA-CNRS).

Chaque séance compte entre deux et quatre intervenants, en duplex à Paris et à Montréal.

Les séances ont eu lieu le 20 novembre, le 22 janvier, le 12 février, le 12 mars, le 16 avril et le 18 juin en vidéoconférence entre l’Université de Montréal et la salle Triangle du Centre Pompidou à Paris.

Toutes les archives vidéo sont disponibles sur la plate-forme Polemictweet.com.

Séminaire 2015-2016 : L’éditorialisation de soi

Programme
La notion d’éditorialisation telle qu’explorée par le séminaire depuis quelques années comme renouvellement des processus d’écriture et de lecture, embrasse l’ensemble des dispositifs permettant la structuration et la circulation du savoir. Ainsi, bien au-delà des aspects techniques qu’elle inclut dans sa définition, l’éditorialisation sous-tend une production de sens et, par là-même, la production de visions du monde.

jeudi 19 novembre 2015 : Profil et collectif

Autonomie et hétéronomie de la production identitaire
Le profil est le fruit d’une co-construction par les plateformes, les réseaux et les personnes. L’individu qui s’éditorialise est d’abord soumis aux dispositifs qui régissent chaque service. À la fois collectionneur et collection de données, quelle autonomie peut-il retirer de l’éditorialisation de soi ? Est-elle le stade ultime d’une aliénation aux logiques de profilage, comme dans les formes extrêmes de quantified-self ? Ou désigne-t-elle une voie d’émancipation par laquelle le sujet se réapproprie la production de son identité ?
Mis en réseau, l’individu connecté est aussi traversé par les autres, s’écrivant lui-même dans un tressage de réactions, conversations, bifurcations. À partir de quand ce réseau produit-il autre chose que de l’interaction ? Entre le like et la redocumentarisation collaborative, y a-t-il seulement une différence de degré, ou l’éditorialisation ne commence-t-elle qu’à partir d’un certain seuil d’intervention ? La connexion ne suffit pas à produire du collectif. L’éditorialisation en revanche implique une intentionnalité de mise en commun, à travers des protocoles de discussion, de réplicabilité et de transmission. Peut-on alors considérer que l’éditorialisation serait ce qui permet de passer du graphe au groupe ?
Intervenants :
Irène Bastard, Chef de projet à la Bibliothèque nationale de France (BNF), ingénieur et docteur en sociologie, mêlant dans ses travaux sur les TIC des approches opérationnelles et des études d’usage.
Eric Méchoulan, professeur au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal et directeur de Virtuoso (Centre de recherche sur les usages, cultures et documents numériques)
Consultez le texte d’Irène Bastard, extrait de la méthode du projet Algopol et le texte d’Eric Méchoulan, extrait de son article @ : @ddress, @ttention, @rchive, @dministration.
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jeudi 10 décembre 2015 : Corps et profil

Construction d’une corporalité en ligne
L’identité numérique est souvent présentée comme une question d’image – une image de marque qui assure notre visibilité sur le web. Cette visibilité n’est pourtant qu’un aspect superficiel de notre présence numérique, puisque la construction de l’identité se joue davantage au niveau de l’indexation de soi que de la figuration de soi : en d’autres termes, la visibilité n’est plus seulement celle du portrait, ni même celle du corps. Tant et si bien que le profil appelle finalement un enjeu d’invisibilité plutôt que de visibilité, de manière à nous redonner le contrôle de nos traces. Et en effet, de plus en plus d’utilisateurs éditorialisent leur profil en dérogeant aux règles de la représentation notamment imposées par la structure des dispositifs en ligne. Face à ce nouvel enjeu d’invisibilité, le paradigme de la représentation semble devoir être peu à peu abandonné au profit de la production de corps numériques. Le référent n’est plus un enjeu pertinent et le profil se suffit à lui-même : il fait œuvre autant qu’il fait autorité. Dès lors, quel rôle tient désormais l’image dans la production des profils ? Car paradoxalement, nous sommes tous photographes : nos téléphones nous permettent de capter, de modifier et de partager nos clichés sur les réseaux en moins d’une minute, tant et si bien que l’image photographique est devenue une nouvelle forme de langage participant à la constitution de ces identités profilaires. Jouant de la contradiction apparente entre visibilité et invisibilté, de quelle manière l’image peut-elle participer à ces formes inédites de production identitaire ? Peut-on parler d’une corporalité du profil ? Enfin, si le paradigme de la représentation est abandonné, comment ces pratiques d’éditorialisation du profil redéfinissent-elles en retour le statut de l’image ?
L’identité numérique est souvent présentée comme une question d’image – une image de marque qui assure notre visibilité sur le web. Cette visibilité n’est pourtant qu’un aspect superficiel de notre présence numérique, puisque la construction de l’identité se joue davantage au niveau de l’indexation de soi que de la figuration de soi : en d’autres termes, la visibilité n’est plus seulement celle du portrait, ni même celle du corps. Tant et si bien que le profil appelle finalement un enjeu d’invisibilité plutôt que de visibilité, de manière à nous redonner le contrôle de nos traces. Et en effet, de plus en plus d’utilisateurs éditorialisent leur profil en dérogeant aux règles de la représentation notamment imposées par la structure des dispositifs en ligne. Face à ce nouvel enjeu d’invisibilité, le paradigme de la représentation semble devoir être peu à peu abandonné au profit de la production de corps numériques. Le référent n’est plus un enjeu pertinent et le profil se suffit à lui-même : il fait œuvre autant qu’il fait autorité. Dès lors, quel rôle tient désormais l’image dans la production des profils ? Car paradoxalement, nous sommes tous photographes : nos téléphones nous permettent de capter, de modifier et de partager nos clichés sur les réseaux en moins d’une minute, tant et si bien que l’image photographique est devenue une nouvelle forme de langage participant à la constitution de ces identités profilaires. Jouant de la contradiction apparente entre visibilité et invisibilté, de quelle manière l’image peut-elle participer à ces formes inédites de production identitaire ? Peut-on parler d’une corporalité du profil ? Enfin, si le paradigme de la représentation est abandonné, comment ces pratiques d’éditorialisation du profil redéfinissent-elles en retour le statut de l’image ?
Intervenants :
André Gunthert, enseignant-chercheur en histoire visuelle, maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). il dirige également la revue Etudes photographiques.
Servanne Monjour, Élisabeth Routhier et Julie Tremblay-Devirieux, doctorantes à l’Université de Montréal (bios complètes sur Sens Public)
Consultez le texte de Servanne Monjour, et le texte commun de Servanne Monjour, Élisabeth Routhier et Julie Tremblay-Devirieux.
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jeudi 7 janvier 2016 : Editorialisation de l’universitaire

Retour d’expérience du projet Humanum-Edinum
Pour les artistes, les écrivains, les chercheurs, les universitaires, l’éditorialisation numérique des oeuvres professionnelles (créations, recherches, cours…) s’imbrique étroitement avec l’éditorialisation de soi dans les réseaux sociaux (Fb., Twit., R.G., Acad., Link…), mais aussi les forums, chats, listes emails d’interactions personnelles & professionnelles avec publics, étudiant-e-s, collègues, évaluateurs, amis, familles… Les dispositifs d’éditorialisation des oeuvres et de soi en diverses formes d’expression (oeuvres travaillées, expressions d’humeur, réactions instantanées…) prolifèrent et se diversifient (sites professionnels, personnels, plateformes collectives d’éditorialisation, blogs, réseaux, revues, MOOC…) tout en faisant souvent perdre la maîtrise du cadre d’expression, mais aussi de l’accumulation des expressions. Les traces numériques, personnelles et professionnelles, s’accumulent au cours des années et décennies, formant un corpus diffus, peu rationalisé dans sans cohérence d’ensemble, ni aisément maîtrisable quant aux effets d’images identitaires qu’elles produisent. L’agencement global de ce corpus dispersé sur Internet, dépendant de surcroît de multiples dispositifs socio-techniques d’éditorialisation, disjoints et aux logiques très différentes, n’a pas toujours de sens global perceptible par autrui. Or le “profil” qui en résulte par sédimentation de traces numériques interagit avec les relations socio-professionnelles quotidiennes et les projets d’activités envisageables voir avec les carrières. Peut-on concevoir conceptuellement et techniquement des dispositifs d’éditorialisation indépendants qui (re)donnent à ces auteurs une maîtrise au moins partielle de la conception du cadre d’expression, de l’accumulation des oeuvres et traces d’activités sur plusieurs décennies, de la cohérence d’ensemble du corpus de significations qu’ils produisent, et par là du profil qui en résulte, tout en favorisant la diffusion en libre accès de leurs productions ? C’est l’une des questions auxquelles tente de répondre la recherche technologique “EdiNum-HumaNum” sur un “ouvrage numérique dynamique, indépendant, en accès libre” compilant une production individuelle universitaire (enseignements et recherche) de près de trente ans dans un dispositif intégrant formats multiples et systèmes d’interaction. Il s’agit de savoir si l’on peut concilier la nécessité particulière de communiquer, caractéristique de ces métiers, et les formes numériques que prend cette communication aujourd’hui, avec la défense d’une indépendance intellectuelle et créative, tant individuelle que collective, nécessaire à ces métiers, mais aussi à d’autres types d’acteurs sociaux.
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jeudi 21 janvier 2016 : Détournements et création

Les pratiques alternatives, à la périphérie des plateformes
(initialement le 18 février)
De toute part nous viennent des indications quantitatives stupéfiantes. Un milliard d’utilisateurs de Facebook en 24h, 2 milliards de dollars investis par Facebook pour acheter OculusRift qui en avait levé moins de 100 millions dans sa brève histoire antérieure. Les majors des réseaux interactifs seraient-ils en passe de préempter tous les usages novateurs des technologies numériques ? Les solutions industrielles mises en place par des firmes comme SAP, Dassault-Systèmes, CapGemini et autres deviennent des applications sécurisées dépendant de modèles qui associent des silos et des protocoles de partage d’information à l’usage de clients exclusifs. Les plateformes comme Amazon, DailyMotion ou YouTube fournissent des environnements formatés pour des usages spécifiques très largement ouverts au public. Des formats intermédiaires comme ceux des compagnies aériennes ou des banques conjoignent la sécurisation et l’ouverture au client. Quels environnements numériques permettent-ils une certaine créativité ? Les logiciels de blogs ou d’enseignement à distance ? Des espaces dédiés à la création numérique en réseau ? Ou bien pouvons-nous repérer des usages détournés et inventifs des plateformes standard comme Tumblr ou Twitter ? L’intensité inégalée des échanges et la dispersion des initiatives rend particulièrement difficile, le repérage, l’analyse et la stabilisation des créations numériques, dont la plupart ne seront connues que de tout petits cercles de suiveurs. Nous suivons Richard Sennett lorsqu’il affirme que l’artisanat créatif, qui demande la formation d’un tour de main spécifique et requiert à la fois du temps, de la précision et une plongée dans un univers de références internes à la pratique, est mis hors-jeu par la plupart des contextes logiciels avec lesquels nous interagissons. Si nous mettons la question des contenus subversifs ou polémiques entre parenthèses pour nous concentrer sur les usages alternatifs des technologies et des environnements numériques eux-mêmes, comment pourrons-nous aborder le repérage du corpus considéré ? Si nous nous bornions aux créations faisant l’objet d’un visa officiel (résidences d’artistes, départements d’université, bourse délivrées par des institutions), nous aurions un aperçu du possible créatif, mais non pas du potentiel réellement alternatif. Si nous nous mettions à l’affût de créations périphériques, l’océan des liens nous submergerait de trouvailles aléatoires et souvent inexploitables : plateformes à l’abandon, esquisses sans développements suffisants, projets aux contours flous, univers linguistiques inconnus… Ne sommes-nous pas méthodologiquement tenus d’opter pour une stratégie explicitement restrictive : une approche monographique commanderait de spécifier une recherche en fonction d’une application déterminée, ou en fonction d’un nuage de mots-clés particulier : cela permettrait au moins des sondages concrets. Ou bien il faudrait renoncer à considérer les univers numériques comme autonomes et évoquer les créations ou interprétations ou autour d’un événement particulier, qu’il s’agisse d’une série télé ou d’un attentat politique et des réactions associées. Au-delà, l’univers du code et des données devrait permettre de repérer des usages inusités de la programmation, des fonctions rarement utilisées mises en avant, des espaces collaboratifs ouverts à des travaux originaux. Il y a là en puissance nombre d’orientations de recherche pour les années qui viennent.
Intervenants :
Lionel Maurel, juriste et conservateur des bibliothèques, en poste à la Bibliothèque d’Histoire Internationale Contemporaine (BDIC). Son blog S.I.Lex décrypte et analyse les transformations du droit à l’heure du numérique.
Victoria Welby, est un personnage né, un peu au hasard des choses, dans un site de rencontres virtuelles. Ne voulant associer ni son vrai nom, ni son adresse courriel principale aux interventions publiques, l’auteure a décidé de réutiliser Victoria Welby comme avatar. Tous ses projets de littérature, hypermédiatique ou non, sont désormais signés de ce nom. Victoria Welby est un personnage virtuel en constante construction et qu’on ne peut définir qu’en admettant la logique du tiers inclus. Autrement, il faut opter pour la schizophrénie.
Consultez le texte préparatoire de Victoria Welby, et le texte préparatoire de Lionel Maurel.
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jeudi 18 février 2016 : Le profil comme production du réel

Les modes d’existence des choses au prisme des transactions identitaires
(initialement le 21 janvier)
Nous interagissons en permanence avec notre environnement : c’est là une donnée anthropologique centrale. La caractéristique contemporaine de ces interactions consiste à intégrer notre identité sociale, affective, communicationnelle, esthétique dans un environnement relationnel technologiquement structuré. Cet environnement relationnel forme en quelque sorte le filtre de nos actions : il contribue à leur donner un cadre d’opérationnalisation, permet diverses anticipations, récursivités, transactions et expérimentations dont les effets en retour nous assignent une identité. En un sens, au « doublet empirico-transcendental » qui définissait le sujet traditionnel (Cf : Foucault, les mots et les choses) à l’articulation de possibilités pratiques (corporelles, cognitives, sociales) et de formes prescriptives (normes de conduite, valeurs incorporées, orientations existentielles, normes institutionnelles) aurait succédé non pas comme le voyaient en leur temps Heidegger ou Foucault un délaissement métaphysique qui situerait le phénomène humain comme une question adressée au monde comme totalité des interactions, mais bien davantage une intensification des liens qui absorbent le monde au cœur de nos gestes. Nous pourrions ainsi renvoyer au sens ancien du terme de gestion pour désigner ces « faits et gestes » qui nous caractérisent tant pour dessiner notre avenir que pour matérialiser notre passé. La temporalité contemporaine est ainsi marquée par l’extraction de nos gestes de leur contexte de production pour qu’ils deviennent autant de traces qui signalent notre existence. Jamais autant la distinction entre la mémoire autobiographique et les attestations matérielles n’ont divergé, sauf à supposer que ces attestations constitueraient en propre une mémoire pour nombre de nos contemporains.
Intervenants :
Gérard Worsmer, philosophe et éditeur, fondateur et directeur de Sens Public qu’il a conçu comme un réseau de ressources centré sur une revue. Spécialiste de phénoménologie morale et politique, il est l’auteur d’une thèse sur Jean-Paul Sartre.
Marcello Vitali Rosati, professeur agrégé de Littérature et culture numérique au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal (UdeM), où il enseigne depuis 2012, il mène une réflexion philosophique sur les enjeux des technologies numériques : la notion d’identité virtuelle, le concept d’auteur à l’ère d’Internet, et les formes de production, de publication et de diffusion des contenus en ligne.
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jeudi 17 mars 2016 : De la confession de soi à la confiscation de soi

Herméneutique du sujet et régime de la trace numérique
La dynamique de l’éditorialisation numérique en général et des réseaux sociaux en particulier transforment profondément les modes de subjectivation dans l’espace public. L’évolution des techniques de soi est accompagnée par un nouveau régime de traces qui se démultiplie dans le développement des plateformes de publication en ligne (blog, réseaux sociaux, social bookmark, économie du partage). Ce régime de la trace numérique contribue à mutation d’un rapport à soi à travers les thèmes de la conversion (métanoïa) et de la confession (aveu). Une herméneutique du sujet aujourd’hui ne peut se concevoir sans un détour par la convertibilité des données et les modes d’écriture associés à des « exercices existentiels ». Par ailleurs, l’économie politique de ces plateformes numériques de l’aveu et du don repose entièrement sur la reconstruction a posteriori du sujet, de l’auteur. Big datas et algorithmes sont les nouvelles technologies de la confession au service d’une subjectivation de soi (Klout, dis-moi à quel point je suis influent !), mais surtout d’une subjectivation au service des pouvoirs qu’ils soient marketing ou juridico-politique. Entre confession et confiscation se joue un destin d’une individuation qui par le biais du « web 2.0 » relance, à travers les Humanités digitales et ses méthodes, la question difficile d’une définition actuelle de l’auteur.
Intervenants :
Franck Cormerais, professeur en SIC à l’Université Bordeaux 3 et membre du laboratoire MICA, responsable de l’axe prioritaire Humanités Digitales de l’université. Il est membre de PEKEA (Political and Ethical Knowledge on Economic Activites), de la société Française des sciences de l’information et de communication et de l’AEIRI. Ses recherches portent sur l’anthropologie des techniques et sur les pratiques des TIC.
Amar Lakel, maître de conférence à l’Université Bordeaux 3
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Programme complet

jeudi 21 avril 2016 : Le profil comme architecture du savoir

Une matrice pour la traversée des espaces numériques
Devenue ressort et vecteur de la présence en ligne, la forme profilaire ne circonscrit plus seulement des identités. Fonctionnant de plus en plus comme une matrice organisationnelle, le profil devient un modèle de structuration, d’articulation et de représentation des savoirs. À mesure que les individus s’éditorialisent, la construction de leur réseau de relations configure de fait des espaces documentaires, des architectures informationnelles et des jeux de données qui s’élaborent selon des logiques affinitaires autant que cognitives. Dans quelle mesure ces modes d’agencement transmédia affectent-ils l’organisation et la transmission des connaissances ? Le profil peut-il être considéré comme un outil d’archivage et de navigation dans le savoir ? Comment mémoire et fiction viennent-elles enrichir ou compliquer cette nouvelle disposition des sources et ressources ? Telles sont quelques-unes des questions qui seront abordées dans cette séance.

jeudi 12 mai 2016 : Désir de profilage et profilage du désir

L’intention catégorisée
L’importance croissante des usagers dans les processus de catégorisation et de classification des données numériques (indexation, recommandation, évaluation) qui fonde en grande partie la valeur ajoutée (et le fonds de commerce) du web dit collaboratif ou social n’atteste pas simplement d’une volonté d’optimiser l’accessibilité à ces mêmes données : elle constitue en effet une porte ouverte sur les désirs et les intentions des individus.
La pratique du tagging par les usagers (folkosomie) trace les contours de représentations du monde propres aux individus qui en sont les acteurs : elle permet rétroactivement de catégoriser non plus les données, mais l’usager lui-même, « segmenté en profils qui se rapportent tous à « lui-même», à ses propensions, ses désirs présumés » (Rouvroy, 2013)
Ce “désir de profilage” des usagers, cette libido sciendi qui portent sur l’identité des usagers s’inscrit dans une double visée à la fois prédicative et heuristique. Elle voudrait en effet non seulement anticiper, mais également dévoiler, découvrir les désirs inavoués, inconscients des usagers.
C’est cette libido sciendi qui alimente rétroactivement le profilage de leurs désirs à des fins mercantiles sous couvert d’une stratégie qui est celle du service rendu. Si bien que la volonté d’en savoir plus sur les individus s’appuie sur une volonté de se voir qui se concrétise par le biais de réseaux sociaux et d’applications qui captent davantage de données personnelles de manière de plus en plus volontaire notamment quand il s’agit d’exposer des données issues de la quantification de soi. Cette pénétration au sein de la sphère de l’intime se poursuit sur les territoires des corps et de la sexualité qui s’exprime par l’utilisation notamment des tags sur les sites de vidéos pornographiques librement consultables. Cette indexation des désirs s’avère également déformante dans la mesure où elle véhicule des représentations au point de populariser certaines expressions comme la MILF (Mother I’d Like to Fuck). Au final, il s’agit non seulement d’un accroissement des stratégies de l’indexation des existences, mais également des mécanismes d’influence des manières de voir et de se représenter le monde par les individus qui méritent d’être interrogés. Quelles sont en effet dès lors les institutions dominantes de ce biopouvoir ?

jeudi 16 juin 2016 : Atelier de clôture

Mais cette production de sens engage plus largement encore des transactions informationnelles permettant d’élargir l’impact de l’éditorialisation au monde des objets physiques et aux modes d’existence. L’espace d’information est devenu un espace d’action sur le réel, en témoignent les dynamiques collectives à l’œuvre au travers des dispositifs d’éditorialisation. En modifiant structurellement les objets, nos échanges informationnels opérés au travers des éditorialisations sont performatifs. On éditorialise tout aussi bien son compte en banque qu’un produit acheté sur un store en ligne et on est désormais enjoint de s’éditorialiser soi-même, au travers de ses multiples profils.

L’éditorialisation de soi relève cependant d’une intentionnalité particulière en tant qu’elle participe à la construction de l’identité de chacun, mais aussi en tant qu’elle préfigure le collectif à l’œuvre dans l’ensemble des dynamiques collectives de négociation du réel, qui définissent selon Gérard Wormser les processus d’éditorialisation.

En explorant la question de l’éditorialisation de soi, le cycle de cette année s’intéressera de près à la notion de profil, comme forme nodale des modes d’existence, d’habitat et de traversée de l’environnement numérique. En tension avec le collectif ou le corps qu’il façonne, mais aussi comme architecture potentielle du savoir, le profil permettra de réinterroger les notions d’autorité (comment l’éditorialisation autorise les savoirs ?), de littératie (l’éditorialisation relève-t-elle d’un savoir ?) et de confiance (comment l’éditorialisation affecte-t-elle les régimes de confiance ?).


Ce cycle est réalisé en collaboration par la revue Sens Public, l’Iri, l’Université de Montréal, le laboratoire DICEN-Idf, l’Université de Bordeaux et l’Université de technologie de Compiègne, et soutenu par la MSH Paris-Nord. Il a été créé en 2009 en partenariat avec le laboratoire Invisu (INHA-CNRS).

Chaque séance se déroule en duplex à Paris et à Montréal.

Les séances ont eu lieu le 19 novembre, le 10 décembre, le 7 janvier, le 21 janvier, le 18 février, le 17 mars, et le 21 avril en vidéoconférence entre l’Université de Montréal et la salle Triangle du Centre Pompidou à Paris. Les ateliers du séminaire ont lieu le 12 mai en salle Triangle et le 18 juin dans une salle qui sera précisée ultérieurement.

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