Design Metadata 2013

17, mai 2013  |  Publié : Non classé  | 

Design Metadata 2013 - Atelier Mashup

L’atelier Design Metadata 2013 a permis aux étudiants de travailler sur la notion de mashup et de remix comme des vecteurs d’appropriation et d’écritures nouvelles. Appliqué au texte, au son, à l’image ou à la vidéo, le mashup ouvre des horizons d’explorations, que ce soit dans le design de ses interfaces comme dans ses usages, à la croisée de nouvelles dynamiques sociales et de scénarios.
Le mashup peut être considéré comme une nouvelle forme d’éditorialisation, s’inscrivant dans la continuité des recherches de l’Iri sur l’indexation, la navigation et les dispositifs de contribution. Le mashup est donc un axe de recherche important que l’Iri explore à travers la vidéo, l’image, mais aussi des outils d’agrégations.

Format
L’atelier est hebdomadaire sur le second semestre (de mars à juin) et rassemble les étudiants de cinq écoles : designers du Strate College, de l’ENSAD et de l’ENSCI, et ingénieurs-développeurs de l’ESILV et d’HETIC.
Les étudiants sont invités à former des groupes composés de designers et ingénieurs des différentes écoles et à définir par groupe une problématique et un projet de prototype pour y répondre.

L’atelier donne lieu comme tous les ans à une présentation publique des prototypes des étudiants et d’une exposition au Centre Pompidou, au programme officiel de Futur en Seine 2013. Comme l’année précédente, l’Iri lance un appel à projet étudiants. Les projets sélectionnés seront présentés lors de l’exposition Design Metadata.

Le Mashup, introduction et enjeux
On pourra trouver sur le mashup de nombreuses tentatives de définition. La version française de la définition de Wikipedia indique : “un mashup (littéralement purée) est un mélange d’images et de sons numériques, un peu dans la tradition du sample.”
Dans cet atelier nous aborderons en fait le mashup à partir d’un concept plus ouvert, peut-être plus proche de la définition de Brian Lamb[1] : “le mashup implique la réutilisation et le remix d’œuvre d’arts, de contenus, et/ou de datas à des fins qui n’étaient pas initialement prévues ou même imaginées par les créateurs de ces œuvres.”

Cette pratique de mashup est aujourd’hui en pleine effervescence dans l’espace numérique comme en témoignent plusieurs initiatives particulièrement innovantes, avec le récent Mashup Film Festival organisé par le Forum des Images à Paris, ou Museomix, évènement de prototypage destiné “à remixer le musée”, qui a investi le Musée des Arts Décoratifs de Paris en 2011, puis le Musée Gallo-Romain de Lyon en 2012, ou encore plus récemment, le lancement du Rijksmuseum Studio qui propose de remixer n’importe quelle ressource du Rijksmuseum, à travers des outils de mashup en ligne et une API complète d’accès aux données.

Considérée longtemps comme une pratique amateur ou underground, non-institutionnalisée et souvent en rupture avec les modèles culturels admis, le mashup ou le remix ont été relégués à un statut de sous-culture. Mais les initiatives citées ci-dessus, provenant d’institutions culturelles de référence, changent le statut du mashup. Ce dernier accède à une plus grande visibilité, devenant un phénomène allant jusqu’à interroger les modèles culturels établis.

La pratique du remix et le mashup font parties intégrantes des mécanismes de création, de la recherche et de l’innovation. Les histoires de la culture, de la recherche scientifique et technique, de l’art, ne sont qu’une succession positive de réinterprétations, de plagiats, de détournements, de pastiches, réécritures.

Des premières mixtapes d’amateurs, décrites par Geoffrey O’Brien comme “la forme artistique la plus largement pratiquée”, aux Histoires du cinéma de Godard, vaste mashup construit à partir de centaines de films de cinéma, en passant par les détournements de La Chute qui comptabilisent des millions de vues sur Youtube, le mashup est au coeur des pratiques artistiques contemporaines.
Kirby Ferguson va plus loin en démontrant sur son site, et notamment sur sa présentation à TED, que tout est un remix.

Ces pratiques soulèvent plusieurs enjeux majeurs et questionnent profondément les modèles culturels, économiques, juridiques et politiques qui régissent la création et l’innovation. Ces modèles ont en effet privilégié les notions d’auteur, de création et d’originalité, reléguant au second plan des pratiques amateur comme la réutilisation, le partage, l’inspiration, l’appropriation. L’institution de la propriété intellectuelle sur les œuvres de l’esprit a eu pour effet indirect d’écarter toutes ces pratiques amateurs, parfois même jusqu’à les pousser dans l’illégalité. Youtube a par exemple cédé aux demandes d’Universal de supprimer tous les détournements de La Chute, effaçant d’un seul coup des dizaines de créations, regardées pourtant des millions de fois.

Il faut bien dire que le numérique et le web sont venus bousculer le monde de l’édition et de la publication. Basé sur un adressage universel de toute information, le web intègre dans ses principes fondateurs l’accès, le partage ou l’appropriation des outils de publication (sans parler des langages). Le web a ainsi permis de généraliser les pratiques de remix à toute sorte de contenu. Tout média, toute information, toute donnée est susceptible sur le web d’être identifiée, extraite, associée, partagée, détournée, et de devenir une ressource et une matière première pour un mashup.

A partir de notre état de l’art nous proposerons le modèle générique de mashup suivant, composé par :

  • a. le sample : c’est l’élément atomique du mashup, le sample est un segment d’un fichier multimédia existant, il peut être extrait d’un film, d’une musique, d’un site web ou d’un livre.
  • b. les métadonnées : attachées aux samples, ce sont les informations décrivant la relation que le sample entretient avec l’œuvre dont il est extrait
  • c. le mix : le mix est une association de samples, la plupart du temps linéaire.
  • d. le template : le template est un modèle de mix, en changeant quelques samples, il permet de reproduire le schéma d’une histoire

Le mashup est donc l’ensemble des samples et des métadonnées, formant un mix, à partir d’un template donné.

Mais qu’il soit généré automatiquement par des robots agrégateurs de contenus ou assemblé pièce par pièce par un amateur de musique ou de vidéo, le mashup est un assemblage de contenus et de données, générant des associations à fort potentiel créatif. Dans son article The ecstasy of influence, Jonathan Lethem[2] va jusqu’à dire que l’approriation, l’imitation, la citation, l’allusion, et la collaboration sublimée, consistent en une sorte de sine qua non de l’acte créatif […].

C’est en partant de ce point de vue sur la création que nous inviterons designers et développeurs à imaginer ensemble les futurs outils répondant aux problématiques, enjeux, pratiques, et usages du mashup.


[1] Lamb, Brian. « Dr. Mashup or, Why Educators Should Learn to Stop Worrying and Love the Remix. » Educause review 42.4 (2007): 13-14,
[2] Lethem, Jonathan. « The ecstasy of influence. » Harper’s Magazine (2007): 59-71.

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