Muséologie 2014-2015 : Enseignement supérieur et recherche à l’ère du numérique : quel impact pour les établissements culturels ?

19, octobre 2015  |  Publié : Non classé  | 

Edition 2014 – 2015

Enseignement supérieur et recherche à l’ère du numérique : quel impact pour les établissements culturels ?

Le thème du séminaire est lié au fort impact de ce qu’il est convenu d’appeler globalement le « Smart Power » sous l’angle du bouleversement social, économique et culturel dans la production du savoir induit par le numérique.

On aimerait explorer dans ce séminaire les enjeux qu’introduit le numérique dans l’enseignement supérieur et la recherche de manière générale, mais aussi pour les établissements culturels, qu’ils aient une vocation d’enseignement ou de recherche, qu’ils développent une politique éducative, ou qu’ils cherchent à développer de nouvelles formes d’adresse au public – ce qui reste la préoccupation historique de ce séminaire.

Nous posons en principe que c’est en partant des questions de recherche et de formation supérieure qu’il convient de penser l’avènement du numérique dans toutes les activités de transmission du savoir, dont les établissements culturels sont eux-mêmes des institutions majeures.

Elaborer des concepts pour appréhender et orienter les mutations de l’enseignement supérieur et de la recherche dans le milieu numérique et dans le champ de la culture, c’est d’une part considérer cette question dans le champ spécifique de la recherche en art, et sur ces bases, et plus largement, c’est imaginer de nouvelles formes de production et de publication du savoir dans les musées, bibliothèques, maisons de spectacle et en interaction avec le monde académique et artistique. Mais c’est aussi intégrer la mutation profonde induite par le numérique notamment par l’automatisation des taches y compris intellectuelles, la production du savoir en « temps réel », les menaces sur les espaces critiques et d’interprétation induits par le traitement sémantique des documents et les réseaux sociaux dans ce qui constitue le creuset de nos traces numériques : le web des données.

Le numérique constitue une nouvelle épistémè qui transforme toutes les disciplines de la vie de l’esprit dont les arts, la muséographie, la bibliothéconomie, l’archivistique et tout ce que l’on appelle les « sciences auxiliaires » – outre l’impact énorme de ces transformations sur l’industrie éditoriale en général. Nous articulerons étroitement et sous cet angle les séances de ce séminaire avec l’atelier Digital Studies conduit à l’IRI pour explorer de nouvelles pratiques « herméneutiques » dans différents champs disciplinaires et culturels.

Ce thème sera aussi celui des Entretiens du Nouveau Monde Industriel qui se tiendront les 5 et 6 décembre 2014 au Centre Pompidou.

I – Epistémè numérique, recherche et recherche en art (25 novembre 2014 – 18h00 à 20h30)

Cette séance introduira les questions qui seront au cœur de la problématique générale du séminaire 2014/2015 afin de les évaluer du point de vue du bouleversement épistémique induis par le numérique et qui bouleverse l’ensemble des disciplines y compris la recherche dans l’enseignement supérieur culturel. Comment à partir du numérique, des réseaux, des objets spatio-temporels que sont par exemple les vidéolivres repenser la recherche en général et la recherche artistique en particulier ? En quoi l’organologie qui s’impose avec le numérique peut-elle nourrir une conception renouvelée de la recherche en art et par conséquent de nouvelles formes d’éditorialisation et de publication ?

Compte-rendu de la séance

Enregistrement vidéo de la séance

 

II – Les controverses au cœur de tous les savoirs (16 décembre 2014 – 17h30 à 20h00)

La dispute est dans la vie de l’esprit le fruit de l’interprétation, que les institutions encadrent tout en lui faisant place. Il en est ainsi au moins depuis Socrate, et l’avènement de l’Université européenne n’a fait que métastabiliser un processus inhérent au mécanisme dialogique de l’invention. De la disputatio à l’époque de la scolastique aux grandes controverses scientifiques comme celle qui opposa Bohr à Einstein en passant par la querelle des Anciens et des Modernes, la discussion des problèmes a été le lieu où la critique argumentée a permis aux uns de s’entendre et aux autres de se diviser au point de créer de nouvelles écoles. Cependant que les positions et les arguments se renforcent, dans un sens ou un autre, ce sont toujours les organes sociaux responsables de l’édition et de la publication (des établissements publics à la presse) qui permettent de retracer, de relancer et de rendre compte de ces disputes.

Or, à l’heure du web, les controverses deviennent difficiles à tracer et à éditorialiser, à la fois pour les critiques et pour le public. L’ouverture offerte par le web social à la publication de la recherche aura brouillé les rôles et les enjeux : qui doit publier quoi et comment ? Quel rôle le public peut jouer dans une controverse ? Et surtout comment permettre aux universitaires, aux artistes et aux critiques d’art d’entretenir un dialogue construit, fructueux et potentiellement dissensuel au moyen des réseaux sociaux ? Telles seront les questions à l’horizon de cette séance.

Nous rappellerons les principaux traits historiques de la controverse et à travers eux, les processus institutionnels et techniques de formation de la confrontation publique. L’enjeu de cette séance sera de projeter une nouvelle conception du web et du numérique, d’inspiration herméneutique, et au service des institutions de l’enseignement supérieur et de la recherche comme des institutions culturelles.

Françoise Waquet est archiviste paléographe, diplômée de l’Ecole des Chartes et de l’Ecole Pratique de Hautes Etudes, directrice de recherche au CNRS, elle travaille sur les formes de la sociabilité des savants au sein de la « République des Lettres » et entre autres choses elle a étudié les rituels universitaires, dont celui de la dispute, aux époques moderne et contemporaine. Elle a notamment publié Les Enfants de Socrate : filiation intellectuelle et transmission du savoir et Respublica academica. Rituels universitaires et genres du savoir.

Jean Sallantin est directeur de recherches au CNRS et au LIRMM (Laboratoire Informatique, Robotique, Microélectronique de Montpellier). Il a travaillé particulièrement sur la question de la découverte scientifique assistée par des agents rationnels et s’est intéressé ces dernières années à l’annotation discursive et sémantique dans le cadre de la conception de plateformes de débat en ligne, d’un point de vue collaboratif et transdisciplinaire. Il est notamment co-auteur de Le Concept de preuve à la lumière de l’intelligence artificielle aux PUF.

Compte-rendu de la séance

Enregistrement vidéo de la séance

 

III – Pédagogies numériques et médiation (20 janvier 2015 – 17h30 à 20h00)

Le phénomène des MOOCs – et son relatif échec quant à l’ouverture à un nouveau public (qu’il s’agisse de l’initiative France Université Numérique ou des tentatives américaines l’ayant précédée) – appelle réflexion et nous force à nous demander comment distinguer heuristique, didactique et pédagogie dans le contexte du numérique et quelles conséquences en tirer dans le champ de la transmission des savoirs et donc pour l’industrie éditoriale aussi bien que pour la transmission patrimoniale.

« Introduire le numérique » à l’école, à l’université ou dans le musée n’est pas un énoncé performatif. Il s’agit non pas de distribuer des tablettes, de diffuser des vidéos ou d’installer des écrans, mais de penser ou d’inventer un rapport, une relation aux outils numériques dans leur ensemble pour l’apprenant, l’enseignant, le diffuseur, le responsable de musée et le public en général.

Ce sont des questions de médiation, de pédagogie, de littératie et d’heuristique qu’il nous faudra donc aborder pour comprendre dans quelle mesure le numérique modifie fondamentalement tous les modes de transmission du savoir. Nous nous appuierons sur trois profils très différents et essaierons d’établir entre nos intervenants un dialogue entre des enjeux démocratiques, académiques et culturels.

Jérome Valluy est professeur de sociologie politique de l’action publique à Paris 1 et chercheur en sociologie du numérique universitaire à l’Université Technique de Compiègne. Ses travaux sont orientés depuis bientôt quatre ans autour de la transformation du métier d’enseignant-chercheur à l’ère du numérique. A ce sujet, il s’est intéressé au phénomène des MOOCs et à la question de l’édition scientifique. Il est à l’origine du réseau Numer-Univ (http://www.reseau-terra.eu/rubrique285.html) et anime le séminaire de recherche Fichet-Heynlin qui en est issu.

Frédéric Bardeau est entrepreneur social. En 2013, il co-fonde Simplon.co, une fabrique accélérée de développeurs d’applications web/mobile et d’entrepreneurs du numérique, prioritairement tournée vers les jeunes des quartiers populaires, des milieux modestes et de la diversité, les filles et les porteurs de projets sociaux innovants. Il est notamment co-auteur de Lire, écrire, compter, coder (FYP, 2014).

François Mairesse est muséologue, il est professeur d’économie de la culture et de muséologie à Paris 3 et il est aussi président du comité international de l’ICOM pour la muséologie. Ses recherches portent sur la logique du don, du bénévolat et du participatif dans l’économie de la culture et sur une définition du champ muséologique. Il est notamment l’auteur de Le Musée hybride (La Documentation Française, 2010) et co-directeur de publication de Vers une redéfinition du musée ? (L’Harmattan, 2005).

Compte-rendu de la séance

Enregistrement vidéo de la séance

 

IV – Réseaux sociaux herméneutiques – (10 février 2015 – 17h30 à 20h00)

Comment faire en sorte que s’instituent de nouveaux modes du dialogue entre chercheurs, entre critiques, entre le musée et son public, et entre les apprenants et les enseignants ? Le renouvellement par le numérique des enjeux didactiques, heuristiques et pédagogiques de la transmission des savoirs nous oblige à penser un nouveau type de réseau social, à même d’offrir aux données des contributeurs une valeur néguentropique, en les rendant échangeables et contributives.

A la lumière de la théorie des réseaux sociaux développée par Yuk Hui et Harry Halpin d’après les thèses philosophiques de Gilbert Simondon, et à la suite de la recherche contributive entreprise en 2013-2014 autour du cours de philosophie de Bernard Stiegler, nous imaginerons dans quelle mesure le réseau social peut devenir partie constituante d’un objet d’étude, d’une exposition ou d’un cours. Comment il peut devenir mode de contribution pour l’étudiant, le chercheur, ou l’amateur.

Un tel réseau social ne saurait se fonder sur l’individualisme qui caractérise le modèle de Facebook. La mise en réseau ne doit pas être une affadisation, une totalisation du profil, une désindividuation de l’utilisateur, ni non plus une vitrine de soi, mais bien un moyen de partager avec les autres membres du réseau des savoirs, des idées et des expériences. C’est à partir d’un groupe, ou de divers groupes que l’utilisateur, devenu contributeur, pourra exprimer son interprétation de l’objet ou des objets auquel(s) le réseau est attaché, et ceci au sein d’un collectif, c’est-à-dire au sein d’une communauté de sens capable de s’entendre, de se donner des règles et de faire évoluer le réseau social lui-même. C’est aussi par cette organisation collective que pourront naître sur le réseau des communautés divergentes, et donc la controverse sans laquelle le savoir stagne.

Ce modèle de réseau social herméneutique est donc intimement lié à des technologies d’annotation et d’indexation, à des algorithmes de recommandation visant à mettre en relation les singularités se rapprochant et celles qui s’éloignent, mais aussi à des dispositifs d’éditorialisation et de publication collectives, et à des outils réflexifs de traitement de bases de données indexées.

Yuk Hui est chercheur postdoctoral à l’Université de Leuphana, à Lüneburg, en Allemagne, et chercheur invité à l’IRI. Ses recherches portent sur la théorie de l’information à l’aune des thèses philosophiques de Gilbert Simondon, sur la philosophie du web et l’épistémologie des objets numériques. A l’IRI il a notamment contribué à la recherche sur le web social et tenté de définir un modèle de réseau social alternatif. Il est notamment co-auteur (avec Harry Halpin) d’un article consacré à l’individuation collective et au renouveau des réseaux sociaux, Collective individuation : The future of the social web, parue dans « Unlike us Reader » et il publiera prochainement un livre aux Presses Universitaires du Minnesota : « On the existence of digital objects », préfacé par Bernard Stiegler.

Henry Story a étudié la Philosophie Analytique puis les fondements de l’Intelligence Artificielle à Londres, avant de partir travailler en Californie à AltaVista où il a développé le service de traduction en ligne « babelfish.altavista.com ». De 2004 à 2010 il a travaillé sur le web sémantique en se concentrant finalement sur le Web Social sécurisé. Pour cela il a développé des protocoles d’identité, d’authentification, et de contrôle d’accès nommés WebID. Plus récemment il a participé au processus de Standardisation de la Linked Data Platform (http://www.w3.org/TR/ldp/) au W3C, laquelle standardise des méthodes d’écriture sur le web. Pour cela il a implémenté une version de ces standards en Scala en Open Source dans le projet read-write-web (https://github.com/read-write-web/wiki/wiki). Depuis quatre ans, Henry participe aux conférences PhiloWeb où il a exploré les racines philosophiques du web des données.

Alain Garnier est co-fondateur et CEO de Jamespot (http://www.jamespot.com/), un réseau social qui regroupe les utilisateurs par centres d’intérêt. Il est l’auteur de « Le réseau social d’entreprise » (2011) et de « L’information non structurée dans les entreprises : Usages & outils » (2007).

Compte-rendu de la séance

Enregistrement vidéo de la séance

 

V – Nouvelles interfaces et enjeux de design (17 mars 2015 – 17h30 à 20h00)

Les outils numériques herméneutiques qui feront de l’étudiant, de l’enseignant, du chercheur, du critique, ou du visiteur un contributeur ne seront efficaces qu’à la condition d’avoir été conçus comme un rapport ouvert du contributeur à l’outil. Ce sont donc des enjeux « d’écologie homme-machine » et de développement contributif qui seront au centre des discussions de cette séance.

Ce réseau social herméneutique permettant d’envisager une transformation numérique de l’enseignement et de la recherche, tel que nous l’évoquons depuis le début du séminaire, appelle la formation de différents types de contributeurs et de groupes de contribution.

Or, on ne catégorise pas tous les objets de la même manière et, pour chacun de ces groupes, le protocole de contribution sera singulier et il sera l’œuvre des contributeurs eux-mêmes. Ce co-développement, via des dynamiques de recherche contributive, permettrait de concevoir, en amont, des ergonomies adaptées à chaque groupe de contributeurs.

Mais pour un groupe, la manière dont il travaille n’est jamais immuable et l’objet de travail lui-même n’est pas forcément unique. Il faudra donc que les contributeurs puissent amender le dispositif, en aval, à travers une discussion permanente.

Deux chantiers s’annoncent alors pour les concepteurs du réseau :
•    Travailler à une simplicité d’utilisation du réseau et des outils d’annotation et de discussion le composant, mais aussi à la mise à disposition d’outils de visualisation comparative des annotations et des données des contributeurs.
•    Rendre possible, et traçable, la discussion autour des contributions, ainsi qu’autour du co-design par les contributeurs. Ceci revient à une catégorisation contributive continue du réseau lui-même, par ses utilisateurs. Et cela implique des outils de versioning herméneutique (on peut penser à Wikipédia), permettant le suivi de la discussion sur le design du réseau, mais aussi des outils de visualisation des versions.

Samuel Huron est designer et chercheur postdoctoral en informatique à l’Université de Calgary et chercheur associé de l’IRI, spécialisé en design interactif et dans la visualisation d’information. Sa thèse, soutenue ici-même en septembre dernier, visait à définir comment des utilisateurs non-experts pouvaient créer leur propre visualisation et contribuer à l’analyse de flux de données.

Sophie Pène est professeur en Sciences de l’Information à l’Université Paris Descartes et responsable au CRI d’un master visant à explorer les transformations numériques de l’éducation. Elle est membre du Conseil National du Numérique où elle a notamment été décisive dans la rédaction du rapport de Novembre 2013 pour une « nouvelle politique d’inclusion numérique » (http://www.cnnumerique.fr/inclusion/).

Compte-rendu de la séance (seulement l’intervention de Samuel Huron)

Carte mentale de la séance (seulement l’intervention de Samuel Huron)

Enregistrement vidéo de la séance (seulement l’intervention de Samuel Huron)

 

 

VI – La question du multilinguisme dans la transmission numérique des savoirs (14 avril 2015 – 17h30 à 20h00)

L’introduction des objets spatio-temporels dans l’enseignement supérieur, la recherche et les musées, telle que ce séminaire l’envisage depuis cinq séances, appelle une réflexion poussée sur le multilinguisme. La discussion scientifique entre chercheurs, la transmission académique via les cours en ligne et la communication aux publics via les supports vidéo requièrent en effet la mise à disposition des contenus au plus grand nombre d’utilisateurs et la facilitation des échanges infiniment rapide que permet la traduction assistée par ordinateur (TAO).

Néanmoins, cet automate entremetteur doit être apprivoisé, il nous faut apprendre à le manipuler afin de faire place, au-delà du calcul qu’il permet, faire place à du non-calculable. Tout comme nous l’avons déjà envisagé pour le design, nous chercherons à impliquer l’utilisateur des objets traduits automatiquement dans le processus de traduction automatique, et d’en faire un contributeur capable de critiquer et d’amender le dispositif de TAO.
Nous nous proposerons donc pour cette séance d’imaginer quels dispositifs de TAO existants, en chantier ou seulement théoriques nous permettraient d’imaginer une « TAO assistée par contributeur », et comment faire de ces automatismes des fonctions critiques.

Thibault Grouas
est chef de la mission Langues et numérique au Ministère de la Culture et de la Communication. Juriste, il a été chargé de mission de 2006 à 2011 dans le cadre du forum des droits sur l’internet. Sa mission actuelle au Ministère consiste à développer la dimension numérique de la politique en faveur du français et du plurilinguisme et à mettre les technologies au service de cette politique.
Gaïd Evenou est chargée de mission pour le plurilinguisme, le français dans le monde et la francophonie au Ministère de la Culture et de la Communication, après avoir passé 10 ans à l’étranger dans le réseau de coopération du Ministère des Affaires étrangères. Sa mission actuelle consiste notamment à promouvoir la diversité linguistique et ses enjeux dans les différents domaines de la vie publique.
Michel Jacobson est ingénieur d’études en informatique et diplômé en Linguistique générale et appliquée. Auprès du Service interministériel des archives de France, il a participé avec Olivier Baude au programme « Corpus de la parole » du Ministère de la Culture et de la Communication qui vise à constituer une collection de ressources orales sur le français et les langues de France. Depuis avril 2014 il travaille au Laboratoire Ligérien de Linguistique du CNRS où il s’occupe de la gestion des corpus oraux.
Mike Sens a traduit et adapté une cinquantaine de pièces d’auteurs classiques et contemporains pour le théâtre  ainsi que des scénarios et des sous-titres pour le cinéma, et notamment pour Johan Van Des Keuken ou Frederick Wiseman. Entre 1998 et 2007 il a été directeur artistique des systèmes de traduction à l’Association française d’action artistique.

VII – Traduction contributive (19 mai 2015 – 17h30 à 20h00)

Qu’elle soit naturellement adoptée par les communautés de sous-titreurs sur le web ou envisagée comme un renouveau de l’enseignement des langues, l’idée d’une traduction assurée par les amateurs eux-mêmes fait son chemin.

Le phénomène récent des MOOCs et des SPOCs et l’idée de leur transformation en un réseau social herméneutique, telle que nous l’étudions depuis le début de notre séminaire, permettent d’envisager un travail collaboratif à distance et sa large diffusion. Mais l’annotation et la catégorisation de vidéos, de sons ou d’images par des étudiants, des chercheurs ou des visiteurs de musée pourrait s’accompagner d’une traduction contributive de ces contenus, ce qui permettrait une diffusion encore plus large et donc un rayonnement des institutions (muséales, doctorales, universitaires) à l’international. Cela permettrait en outre un renouvellement des pratiques de la traduction et de l’enseignement des langues, tout en donnant aux amateurs les moyens de mieux travailler ensemble.
Cependant la traduction contributive ne peut être envisagée sans une réflexion traductologique et méthodologique sur les groupes de traduction : il faut concevoir des protocoles de travail collaboratif, des mécanismes de modulation et de modération et concevoir l’’éditorialisation des objets traduits. Mais il faut aussi imaginer des dispositifs et des logiciels grâce auxquels les amateurs pourront travailler.

Astrid Guillaume
est maitre de conférences à l’Université Paris-Sorbonne où elle se spécialise en sémiotique, traductologie et médiévistique au sein de l’UFR d’études germaniques et nordiques. Vice-présidente d’honneur et co-fondatrice de l’Observatoire européen du plurilinguisme, elle travaille notamment à étudier les implications du numérique pour la traductologie et la francophonie et pour les politiques d’enseignement au sens large. C’est dans ce cadre de recherche qu’elle a récemment co-organisé deux journées d’études, l’une à Toulouse intitulée « Traductologie et géopolitique » et la seconde à Paris, sur le thème « Humanités et science de la culture ».

Paolo Vignola, Sara Baranzoni et Daniel Ross
sont philosophes et auteurs de nombreuses traductions, en italien et en anglais. En partenariat avec l’IRI et le gouvernement de l’’Équateur, ils ont entamé en 2015 un projet visant à transformer l’enseignement supérieur équatorien en profondeur. Depuis la nouvelle Université technologique de Yachay, ils ont pour première mission d’établir une méthodologie de catégorisation contributive à partir du logiciel Lignes de Temps de l’IRI et de mettre en place un séminaire international en ligne adressant la question des études digitales et du web herméneutique.

Philippe Lacour
est agrégé et docteur en philosophie, et titulaire d’un Master de théorie du droit. Il est Professor Adjunto à l’Université Fédérale de Brasilia et chercheur associé au Centre International d’Étude de la Philosophie Française Contemporaine. Ses travaux sont notamment tournés vers la traduction, d’un point de vue technologique, juridique et philosophique. Il dirige, dans un cadre associatif, le développement d’un environnement numérique collaboratif pour la traduction « littéraire » multilingue : TraduXio.
VIII – Histoire et devenir des modes d’évaluation et de critique (16 juin 2015 – 17h30 à 20h00)Séance conclusive dans le cadre de Futur en Seine orientée sur la question de l’évaluation, de la certification et finalement de la critique, à l’aune de la révolution numérique. Quelles politiques de reconnaissance et de validation académiques, fondées sur quels « régimes de vérité », et fondant des procédures d’évaluation et de validation des acquis – y compris « par les pairs » – peuvent-elles être proposées au regard des dispositifs de certification hérités du passé et des nouvelles formes de validation et d’évaluation issues des réseaux et des automates qui analysent les traces – et avant eux, issues de la bibliométrie? Nous confronterons le travail de curation avec celui de certification à la lumière des processus de curation et de certification contributive.

Intervenants : Alain Mille, Franck Cormerais, Marc Chemillier, Ludovic Duhem
Compte-rendu de la séance

Enregistrement vidéo de la séance

 

 

Sous la direction de : Paul-Emile Geoffroy
Inscriptions : entrée libre ; contact@iri.centrepompidou.fr ou 01 83 87 63 25
Horaires et lieu : Sauf mention contraire, le mardi de 17h30 à 20h00 dans la salle Triangle (ancienne salle Piazza) devant le Centre Pompidou
  • Share

Prochains événements

  • Pas d'événement.