Muséologie 2012 – 2013 : Les enjeux de la contribution

19, octobre 2015  |  Publié : Non classé  | 

Edition 2012 – 2013 : Les enjeux de la contribution

Les musées ont de tout temps été des lieux privilégiés de relai du savoir (scientifique comme vernaculaire). L’une des transformations les plus profondes du numérique concerne justement la modification des conditions d’exercice de la science et de production des savoirs au pluriel. Alors que les modèles académiques traditionnels, fondés sur la publication et l’édition scientifique, sont en crise, d’autres lieux et d’autres pratiques épistémiques émergent.

Dans ces conditions, la question se pose pour les musées de savoir comment remplir leur missions traditionnelles dans un paysage largement bouleversé par le numérique. Ce séminaire entendra donc cartographier les lieux et les pratiques émergentes autour de la diffusion du savoir dans le champ culturel comme scientifique ainsi que les modalités permettant aux musées de développer de nouvelles missions sociales et éditoriales.

Nous vivons actuellement une rupture anthropologique. A travers les technologies du numérique ce sont les savoirs empiriques sous toutes leurs formes, constituant la trame de toute existence humaine, qui sont altérés. Le but de ce séminaire est d’appréhender la question de la connaissance à partir de l’ancrage des digital studies, conçues comme une rupture épistémologique généralisée affectant toutes les formes de savoirs
rationnels.

Les digital studies ne sont ni praticables ni théorisables sans que soit conceptualisée l’organologie numérique qui semble affecter en profondeur toutes les formes de savoirs – savoir-faire, savoir-vivre, savoirs théoriques. Théoriser l’organologie numérique des savoirs contemporains sous toutes leurs formes nécessiterait de prendre en compte et d’étudier les « organologies » qui, se succédant au fil des millénaires depuis les débuts
de l’hominisation, auront toujours conditionné toutes les formes de savoirs.

Si l’anthropogenèse est aussi une technogenèse, celle-ci connais avec le numérique un nouveau stade. La dimension techno-logique des savoirs en tant que telle doit donc venir au centre des questions que posent aussi bien l’histoire des savoirs constitués (reconsidérée à la lumière de l’époque contemporaine), que les nouvelles formes de savoir que la numérisation fait émerger.

Mais ce sont aussi la situation et l’extension sociales de la recherche qui sont en jeu. Les technologies numériques permettent de pratiquer de nouvelles formes de recherche – une recherche contributive associant à la recherche académique et scientifique des acteurs qui ne sont pas eux-mêmes officiellement des chercheurs. Ainsi se trouvent relancées non seulement les questions que posait Kurt Lewin au titre de la recherche action mais aussi la question d’un dehors savant de l’université que, dans le contexte de
la République des lettres, Kant envisageait déjà dans Le conflit des facultés lorsqu’il soulignait la question spécifique que posaient aux « savants corporatifs » (aux professeurs) les sociétés savantes et les amateurs de son époque.

Une telle ambition pratique impose sans doute de repenser en profondeur les liens entre politique culturelle, politique éducative, politique scientifique, politique industrielle, politique des médias et citoyenneté.

Toutes les séances sont disponibles sur la plate-forme Polemictweet.com.

Consultez ici les comptes rendus établis par des étudiants du Master Médiation Culturelle, Patrimoine et Numérique (Paris 10 – Paris 8):

12 novembre 2013 : Enjeux ontologiques et organologiques, la question des catégories

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Cette première séance pose les fondements philosophiques du séminaire, en étayant la thèse d’un rapport de causalité circulaire entre les techniques du savoir et les contenus du savoir, entre les « technologies intellectuelles » (Goody) et les modes de pensée qu’ils reflètent et impliquent. Cette approche pourrait être sous-tendue par une réflexion sur les catégories, qui depuis Aristote et comme l’a souligné Benveniste, sont à la fois d’ordre intellectuel et linguistique, se traduisant aussi bien dans la structure de la pensée que dans son expression. Il s’agit désormais de voir quelles nouveaux types de catégorisations engendre le numérique, et donc quelles sont les conséquences de cette technologie dans notre approche du savoir et de la culture. On questionnera également ici la frontière entre texte et image dans le contexte d’écritures non-occidentales.
Invités :
– Arianne Mayer, IRI
– Roger Bautier, LabSic, Paris 13

10 décembre 2013: Enjeux anthropologiques et historiques de la lecture

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Cette deuxième séance se tourne vers l’histoire du livre et de la lecture pour observer les mutations du rapport entre écriture, culture et savoir au cours des différentes époques. En particulier, elle pourrait montrer les transformations qu’a subies au cours des siècles l’interaction du lecteur avec le texte, et les modalités successives de participation du lecteur au devenir textuel. Cette réflexion autour du texte s’applique tout aussi bien à la place que prend le spectateur dans le devenir de l’image. En quoi ce support tend-il à rapprocher la production et la lecture d’une œuvre, forgeant en creux une conception inédite de l’amateur ?
Invités :
– Roger Chartier, Collège de France
– Alain Giffard, Ars Industrialis

14 janvier 2014 : Cognition et apprentissages, enjeux de la lecture en musée

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Cette séance se concentre en particulier sur le domaine de l’apprentissage, qu’il soit individuel (apprentissage de la lecture et apprentissage par la lecture) ou collectif et sociétal (comment les technologies textuelles façonnent une épistémè). Un point de vue neurologique est mis en avant (pour analyser la manière dont le cerveau se transforme et se reconfigure grâce aux outils de lecture qu’il met en place), ainsi qu’un point de vue anthropologique (quel impact des techniques textuelles écrites ou orales sur le mode de représentation et de pensée d’une société donnée). Il s’agira de pointer les enjeux éducatifs de cet apprentissage instrumenté de la pensée, en se concentrant aussi sur la manière dont il peut éclairer une pédagogie de l’image.
Invités :
– Daniel Jacobi, Université d’Avignon
– Natalija Hristova, StangaOne

11 février 2014 : Lecture active dans les musées : collaboration et contribution selon le support (texte, image, vidéo)

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La lecture contributive varie aussi selon le support proposé au lecteur : selon qu’on soit en situation d’annotation collaborative (exemple du livre social) ou de co-écriture (exemple de Wikipedia). Dans le contexte des établissements culturels, cette distinction pourrait servir de base pour dégager deux modes de nouvelles adresses au public par le numérique : ceux qui passent par la formation de clubs ou groupes d’amateurs qui échangent entre eux autour des œuvres, et ceux où les amateurs deviennent acteurs de l’édifice culturel (participation à la scénographie de l’exposition qui devient alors crowd-sourcée, élaboration contributive d’un savoir sur les œuvres…)
Invités :
– Marc Benaïche, Atelier 144
– Laurence Maynier, Manufacture de la Céramique de Sèvres
– Sandrine Vallée, Manufacture de la Céramique de Sèvres

18 mars 2014 : Nouvelles formes d’édition articulant texte et image : Livres d’art, catalogues d’exposition, catalogues raisonnés, quel avenir dans le numérique ?

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Le livre d’art fait office d’objet-mémoire sans être forcément lu. Des formes de perception plus sensori-motrices, plus tactiles peuvent elles être imaginées sur des supports numériques ? Comment réarticuler texte et image et favoriser d’autres formes de lecture ? Quelles sont les nouvelles formes d’écriture que ces nouvelles formes supposent en articulation avec des ressources numériques en ligne ? Quels nouveaux supports pour ces contenus (eBooks, lunettes Google, …) ?
Invités :
– Gonzague Gauthier, Centre Pompidou
– Nicolas Ledoux, éditeur multimedia
– Etienne Mineur, les livres interactifs

8 avril 2014 : Annotation personnelle et Social books (nouvelles plateformes de lecture collaborative)

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Il s’agirait dans cette séance de montrer l’intérêt de l’annotation personnelle et de la dimension collaborative que permet le numérique en termes de production des savoirs et de nouvelles approches dans le champ culturel. Comment relier la notion de contributivité numérique à ses conséquences dans le domaine de la recherche artistique et du partage esthétique avec le bouleversement du droit d’auteur que cela suppose.
Invités :
– Bob Stein, The Future of the Book
– Philippe Aigrain, sopinspace

13 mai 2014 : Lecture de l’image

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La lecture de l’image repose sur une grammatisation différente de celle du texte et produit aussi des catégories nouvelles. Dans un contexte où la vidéo devient de plus en plus chapitrée et indexée et où elle reprend ainsi largement les métaphores du livre (tables de matières, index, notes de bas de page, annotations en marge), que nous enseigne la lecture active des images où lecture et écriture sont étroitement liées par exemple sur les nouveaux players de YouTube ou bien dans les nouveaux systèmes de navigation dans les bases de données d’images ? Comment ces lectures de l’image peuvent être mises en scène par les musées dans les expositions ou les sites web ?
Invités :
Keynote speaker : Maurice Benayoun, Prof. School of Creative Media, City University of Hong Kong
– Alice Lenay, Chercheuse, Paris 10
– Simon Lincelles, Ingénieur, IRI

17 juin 2014 : Enjeux pédagogiques, impact des MOOC dans les musées ?

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Séance conclusive dans le cadre de Futur en Seine. Mooc participatifs (cMOOC), MOOC privés (SPOC), la diffusion des cours en ligne se diversifie bien au delà de la diffusion massive de cours existants (xMOOC). Il s’agit à présent d’explorer de nouvelles dimensions épistémologiques et pédagogiques dans la production et la diffusion du savoir. Cette préoccupation est partagée par les musées et les établissements culturels en général que leur objectif soit de développer une nouvelle relation au public ou d’inventer de nouvelles formes éditoriales. Cette dernière session du séminaire Muséologie 2.0 (IRI/Ministère de la Culture) consacré cette année à la lecture collaborative, tentera précisément de dégager ce qui dans les expériences les plus récentes de cours en ligne peut favoriser l’émergence de nouvelles pratiques herméneutiques : lecture et écriture collaborative, analyse de l’image, croisements de médias, cartes heuristiques, catégorisation contributive, certification, éditorialisation contributive, …
Invités :
– Divina Frau-Meigs, professeur à l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3
– Vincent Minier, chercheur en astrophysique, CEA/IRFU
– Paul-Emile Geoffroy, IRI/Pharmakon.fr
– Gilles Dowek, Inria – plateforme France Université Numérique (FUN)

 

Sous la direction de : Alexandre Monnin
Inscriptions : entrée libre ; contact@iri.centrepompidou.fr ou 01 83 87 63 25
Horaires et lieu : Sauf mention contraire, le mardi de 17h00 à 20h00 dans la salle Triangle (ancienne salle Piazza) devant le Centre Pompidou

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